Lauréat·e : Visa d'or de la Ville de Perpignan Rémi Ochlik 2009

Jamais auparavant le Pakistan n’avait occupé une place aussi importante sur la scène internationale. Aujourd’hui au cœur de tous les intérêts internationaux, le Pakistan tombe de Charybde en Scylla. La fin du régime de Musharraf a vu la naissance d’un rassemblement populaire promouvant le respect des droits et libertés du peuple pakistanais, à l’instar du mouvement des magistrats, qui sut faire céder M. Zardari, à l’époque président nouvellement élu, et réhabiliter le juge Chaudhry à la tête de la Cour suprême du pays.

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Dans ce bras de fer de plus d’un an, le peuple pakistanais a fait montre de volonté et de détermination pour défendre sa cause. Cependant, les médias ont choisi de se concentrer sur les questions liées aux affaires étrangères, notamment le rôle du Pakistan dans la lutte contre Al-Qaida et, de manière plus générale, contre le terrorisme et pour le maintien de la stabilité dans la région et dans le monde. S’il est vrai que personne ne sait exactement comment ni pourquoi les attaques terroristes sont de plus en plus fréquentes, il n’en reste pas moins certain que le recours à la force armée contre les milices talibanes a été une erreur qui n’a fait qu’exacerber le problème.

Si nous ne posons pas les bonnes questions aux bonnes personnes, cette guerre restera une triste farce dont le seul résultat aura été la violation des droits humains et civiques de tout un peuple.

Aujourd’hui, personne ne se sent à l’abri et l’insécurité n’a fait qu’empirer depuis le début du conflit. Aux États-Unis, certains de ceux qui avaient voté pour Obama lors des présidentielles réclament la réouverture des enquêtes sur les attentats du 11 septembre.

L’homme à l’origine du djihad afghan contre l’Union soviétique à l’époque de Jimmy Carter, Zbigniew Brzezinski, est aujourd’hui conseiller politique du président Obama. Ce dernier avait promis, au cours de sa campagne électorale, de relancer l’enquête, mais a fini par se rétracter après son entrée en fonction. Avec Oussama Ben Laden sur le banc de touche, on a vu l’émergence de nouveaux protagonistes, parfois inconnus, à des rôles clés du djihad mondial. Le général Hamid Gul, anciennement à la tête de l’ISI (services secrets pakistanais), a récemment déclaré sur CNN que les attentats du 11 septembre avaient clairement été un travail « fait de l’intérieur », conçu et fomenté aux États-Unis, du moins avec le soutien des services secrets et de l’armée de l’air américains.

De nombreuses vidéos récentes sur l’impact de la loi islamique sous le régime des talibans se sont avérées factices. Cependant, seules les personnes qui connaissent bien la culture pachtoune s’en sont rendu compte. Dans cette guerre, rien n’est sûr, si ce n’est que la vérité est bien absente des déclarations officielles. Le peuple pakistanais est devenu la cible d’un ennemi invisible. S’ils ne peuvent identifier les instigateurs de cette violence ni leurs motivations, ils ont néanmoins la certitude que l’escalade de la violence fait partie d’un effort concerté pour déstabiliser une nation entière – une puissance nucléaire qui plus est –, ce qui ne serait pas pour déplaire aux seigneurs de la guerre.

Massimo Berruti

Massimo Berruti

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