Cent quarante quatre hommes des quatre coins des Etats-Unis se rendent sur l’Ile de Coronado à San Diego, en Californie, pour tenter d’entrer dans l’un des clubs les plus fermés du monde. Nous sommes en décembre 1996, et ce groupe d’hommes débute une aventure qui durera huit mois, au terme de laquelle ils espèrent faire partie des Navy SEALs (des premières lettres de SEa Air Land – Mer, Air, Terre). Les membres de la Classe 211 sont des engagés, des volontaires, et devront se soumettre aux exercices les plus durs: pompes, exercices à la barre, abdominaux… Ils devront souffrir au-delà de ce qui est imaginable, et supporter un niveau de froid que jamais ils ne pensaient pouvoir endurer. Au cours de la préparation à toutes les situations qu’un Navy SEAL peut être appelé à vivre au cours de sa carrière, chaque étudiant sera poussé dans ses moindres retranchements, tant physiques que psychiques.

La formation des Navy SEALs est souvent désignée par le sigle BUDS, pour Basic Underwater Demolitions (“Démolitions sous-marines de base”), et se décompose en trois modules d’une durée de 10 semaines chacune. La première phase, au cours de laquelle 95% des étudiants sont recalés, estconstituée d’exercices physiques et d’entraînement au travail d’équipe. La phase 2 aborde l’entraînement sous-marin, tandis que la phase 3 se concentre sur la formation tactique et le maniement des armes.

Phase 1 : Les 5 premières semaines d’entraînement ne sont qu’une succession de longues journées d’exercices physiques, dont la course à pied, les pompes, les exercices à la barre et les abdominaux. Il n’est pas inhabituel, au cours d’une seule journée, de faire 500 pompes, surtout pour un jeune en difficulté, ou ayant par malheur attiré l’attention de l’instructeur. Il peut arriver à ce dernier de lui demander d’en faire le double. Le groupe de jeunes recrues est divisé en équipes de 7; chacune doit porter en l’air un zodiac au pas de course, dans ses moindres déplacements. Les hommes doivent apprendre à mettre à l’eau les bateaux et à accoster par tous les temps, y compris lorsque les vagues atteignent des hauteurs de 3 à 5 mètres. Le travail d’équipe est obligatoire, sous peine de “traitement à l’eau froide”, au cours duquel les récalcitrants doivent s’allonger sur le dos dans une eau à 10°C. Ce traitement est fréquemment administré à presque tous les membres de la classe, et dure jusqu’à vingt minutes. La cinquième semaine est dénommée “Semaine infernale”. Les recrues doivent rester éveillées pendant cinq jours et cinq nuits, tout en accomplissant les tâches apprises au cours des quatre semaines précédentes. Ce sont cinq interminables journées de purgatoire, rythmées par des exercices de portage d’embarcation, des tortures à l’eau glacée, et du travail d’équipe. Les candidats qui survivent à ces 5 journées ont de grandes chances de terminer le programme.

Phase 2 : Au cours de la deuxièmes partie de leur entraînement, les hommes sont formés à la plongée sous-marine et à l’utilisation de détendeurs secondaires. Les candidats doivent démontrer qu’ils sont à même de contrecarrer une attaque subaquatique. Sous l’eau, les instructeurs, jouant le rôle des ennemis, font des nœuds dans les tuyaux d’arrivée d’air, arrachent les masques des recrues, et tentent de désorienter l’équipe. Les étudiants doivent être capables de se défendre contre l’ennemi avant d’épuiser leur réserve d’air et de remonter à la surface. Chaque candidat n’a droit qu’à un seul échec. Au deuxième, c’est l’élimination à coup sûr.

Phase 3 : Toute cette partie de l’entraînement a lieu sur l’Ile de San Clemente et vise l’apprentissage de la tactique et le maniement des armes. Outre les activités désormais quotidiennes que sont la course à pied, la natation et l’entraînement physique, les étudiants apprennent à naviguer, à utiliser les explosifs terrestres et sous-marins, et à vider plus de chargeurs de mitraillette que des compagnies entières de Marines.

Le premier jour, la Classe 211 comptait 144 hommes. En août 1997, la promotion n’en comprenait plus que 19.

Rick Rickman

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