Il est très difficile pour moi de décrire ou d’expliquer pourquoi j’ai choisi ce genre de photographie. Sur le plan affectif, ce travail a été très pénible, pour moi comme pour mes proches. J’ai frôlé la mort lors de quelques reportages. Quand on revient d’une journée entière de bombardements ou toute autre forme de combat rapproché, on est dans un état second; on peut sentir la mort, la goûter, la toucher.
Je suis en vie! Mes pieds, mes jambes, mes bras, mon âme, ma vie sont intacts! C’est la vie que je sens, et non pas la mort. Chaque pas, chaque chose quotidienne, comme ouvrir une porte ou serrer la main de quelqu’un, tout cela acquiert un sens· C’est un moment très rare dans une vie. En plus, il reste les images, de vraies images, la vie sous son jour le plus dramatique. Ce n’est pas de la photo de mode ou d’événements sportifs ; c’est la réalité, la réalité la plus crue. Il n’y a rien à créer, le but est simplement de trouver le courage de se pousser, physiquement, jusque dans ses derniers retranchements sans se faire tuer.

Au cours des dix dernières années, j’ai couvert 17 conflits. Ce que vous voyez ne sont que des échantillons de mes clichés préférés. Vivez la vie à corps perdu!

Chris Morris, juillet, 1998

Christopher Morris

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