Visionnez la rencontre avec Francisco Proner, modérée par Caroline Laurent-Simon https://cloud.imagesevidence.com/index.php/s/XeMLGSaR3byEzHT

Mariana, Brumadinho et Maceió portent les cicatrices de tragédies environnementales qui ont bouleversé la terre et la vie des Brésiliens. Conséquences d’un extractivisme prédateur et historique en Amérique latine, ces tragédies révèlent les crimes commis par les géants multinationaux et la logique inhumaine qui gouverne cette industrie.

Le 5 novembre 2015, le barrage de Fundão a cédé à Mariana, dans l’État de Minas Gerais, provoquant la pire catastrophe environnementale de l’histoire du Brésil. Près de 43 millions de mètres cubes de résidus miniers se sont soudainement déversés dans la nature, tuant 19 personnes, ensevelissant le village de Bento Rodrigues et contaminant l’eau des rivières dans un périmètre de 700 km. Les poissons et autres animaux aquatiques ont été décimés. Les populations locales ont été privées de leur source d’eau potable et exposées à des risques sanitaires. Les effets à long terme sur l’environnement et la santé sont irréversibles. Selon les chiffres officiels, plus de 700 000 personnes ont été affectées, parmi lesquelles des paysans, des Quilombolas (membres de communautés de descendants d’esclaves fugitifs) et des indigènes de 46 municipalités.

proner_bresil_045.jpg
proner_bresil_001.jpg

Trois ans après Mariana, une nouvelle tragédie se déroule à quelques centaines de kilomètres de là : l’effondrement du barrage de la mine de Córrego do Feijão, à Brumadinho, qui a provoqué le déversement de 12 millions de mètres cubes de résidus miniers et fait 272 morts. La rivière Paraopeba a été contaminée sur plus de 300 km par une boue hautement toxique. Avec des conséquences sur l’environnement similaires à celles causées en 2015, la vie de 250 000 personnes est affectée par le désastre de Brumadinho. Cette tragédie est considérée comme le plus grand accident de travail au Brésil car la plupart des victimes mortelles étaient des travailleurs de la compagnie minière Vale, quatrième plus grande société minière au monde, qui exploitait également le barrage de Fundão.

Depuis 1970, l’entreprise Braskem exploite des mines de sel gemme sous des zones densément peuplées à Maceió, dans l’État d’Alagoas, révélant aujourd’hui le manque de planification et de responsabilité sociale de ce géant de l’industrie pétrochimique. Depuis 2018, cette exploitation imprudente engendre des tremblements de terre et l’affaissement du sol, obligeant les habitants à partir. Cinq quartiers ont été touchés, plus de 60 000 personnes ont été évacuées et quelque 3 600 entreprises ont fermé leurs portes. Menacée d’effondrement, la « mine 18 » subit une rupture et s’écroule partiellement en décembre 2023.

Ces événements ont montré l’urgence d’une action objective de la part de l’État brésilien et des autorités internationales pour contrôler la sécurité des activités minières. Ainsi des procédures judiciaires sont lancées contre Vale et d’autres sociétés minières internationales impliquées dans la gestion et la sécurité des barrages. Malgré de nombreux efforts et quelques victoires juridiques, les centaines de milliers de personnes affectées par les trois catastrophes ont du mal à obtenir justice. Des procès internationaux sont toujours en cours, mais les compagnies minières continuent d’opérer.

Francisco Proner

Fransisco Proner

visapourlimage_placeholder.jpg
Suivre sur
Voir les archives

Exposition suivante

Emilio Morenatti Parcours d’un photographe à travers le quotidien, les conflits et la perte personnelle

morenatti_retro_171.jpg