
Mayotte : Sous le drapeau, le parcours de la deuxième chance
Miquel Dewever-Plana
Le Figaro Magazine
Visionnez la rencontre avec Miquel Dewever-Plana, modérée par Caroline Laurent-Simon https://cloud.imagesevidence.com/index.php/s/oQXit3jbKDK8peE
Vu du ciel, Mayotte est un joli petit archipel posé sur l’océan Indien, à mi-chemin entre Madagascar et le Mozambique. Ceinturée d’une barrière de corail et d’un lagon parmi les plus beaux de la planète, l’île émerge des terres montagneuses formées dans le creux d’un ancien volcan. Bien que la lave ne s’y écoule plus, ce territoire ultramarin, devenu département français en 2011, est plongé dans une situation hautement éruptive, fiévreuse.
Selon l’Insee, 77 % de la population de Mayotte vit sous le seuil de pauvreté, dont près de la moitié est d’origine étrangère, principalement des Comores. L’île est traversée par une nouvelle route migratoire entre l’Afrique des Grands Lacs et l’Europe, accentuant une croissance démographique incontrôlée qui en fait une poudrière. Reconnue pour être la plus grande maternité de France, Mayotte enregistre plus de 10 000 naissances par an. Plus de 75 % de ces enfants sont de mères étrangères. Avec plus de la moitié de sa population âgée de moins de 17 ans, l’avenir de cette jeunesse mahoraise, souvent confinée dans des bidonvilles dépourvus d’eau et d’électricité, ressemble à un puits sans fond.
Le sous-développement économique, un système éducatif et de santé dépassé, et l’afflux toujours plus massif de migrants arrivant des Comores sur des barques de fortune ont installé une violence endémique depuis plus d’une décennie. L’échec scolaire et le taux record d’illettrisme réduisent drastiquement les opportunités de s’en sortir.
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Pourtant, Miquel Dewever-Plana a suivi un véritable parcours de la deuxième chance, grâce au Régiment du service militaire adapté (RSMA), un dispositif de l’armée française réservé aux Outremers, et créé en 1988 à Mayotte. En 2024, ils seront près de 800 jeunes Mahorais à se porter volontaires pour suivre au sein de la caserne de Combani, dans le centre de Grande-Terre, une initiation militaire de deux mois, suivie d’une formation professionnelle de six à dix mois selon les filières choisies.
Le RSMA propose plus d’une vingtaine de formations dans des métiers particulièrement recherchés à Mayotte, allant des métiers du bâtiment ou de la sécurité au transport routier, en passant par la restauration, l’administration, ou encore la menuiserie et la métallerie. Grâce aux différents partenariats que le RSMA a développés, près de 85 % des jeunes engagés dans ce cursus trouvent un emploi ou poursuivent leur formation à l’issue de ce programme. La clé de ce succès réside dans un apprentissage professionnel très concret, complété par l’enseignement des règles de savoir-vivre et de savoir-être, entre respect, esprit de corps, ponctualité et fiabilité. À Mayotte où un grand nombre d’enfants grandissent en l’absence de figures paternelles et dans des quartiers violents, ces règles offrent aux jeunes Mahorais la possibilité d’une résilience et la voie pour un avenir possible.
Isabelle Fougère
Miquel Dewever-Plana tient à remercier Cyril Drouhet du Figaro Magazine, le colonel Guillaume Larabi du RSMA de Mayotte, et tous ces jeunes qui lui ont permis de les suivre pendant quatre mois.