Mon histoire avec l’Afghanistan a débuté en 1975, lors d’un séjour avec des nomades. J’ai rencontré Massoud pour la première fois en 1983. J’ai écrit dans mon livre Crawling on the Ground : « Quand j’ai su que le formidable personnage qui commandait les intraitables rebelles afghans était un jeune homme de 29 ans, j’ai eu très envie de le rencontrer. » Il se trouve qu’à ce moment là, j’avais aussi 29 ans. « Je voulais montrer au monde ce qu’un jeune homme de mon âge pensait, quelles étaient ses souffrances et comment il réussissait à trouver le bonheur malgré la guerre. »

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Après douze jours d’un éprouvant voyage pour atteindre la vallée du Panjshir, fief de Massoud en Afghanistan, je pus enfin le rencontrer. Il m’expliqua, dans un persan laborieux, qu’il voulait parler au monde de la guerre en Afghanistan telle qu’il la voyait. A la fin d’un discours enflammé, Massoud a souri et m’a juste dit : « Tashakol » (merci). On m’a ensuite autorisé à séjourner auprès de Massoud et j’y suis resté pendant cent jours. J’ai été très impressionné par la personnalité et l’élégance de Massoud et j’ai photographié des scènes de la vie courante et de la guerre. Suite à ce premier voyage et mes 100 jours auprès de Massoud, je suis retourné souvent en Afghanistan en 1988, 1990, 1992, 1995, 1997, 1999 et 2000. En tout, sur une période de dix-neuf années, j’ai passé près de 500 jours avec Massoud. Quand je lui ai dit que je voulais l’inviter au Japon, il a souri et dit : « Je ne puis y aller seul. Je devrais emmener tous mes camarades… On sera probablement soixante-dix. » Mais il a été abattu. Massoud était un jeune homme ordinaire qui aimait les poèmes et la lecture ; il disait : « Plus tard, je voudrais reprendre les études à l’université et travailler dans le commerce, importer des choses qui rendent les Afghans heureux. Cela arrivera peut-être, si je survis. » Il a été tué en 2001. En l’observant, j’ai compris, petit à petit, ce que le peuple afghan aimait et ce qu’il fallait protéger. En 2002, j’ai travaillé avec une ONG dans une école primaire de la vallée du Panjshir pour aider à la réalisation du rêve de Massoud qui parlait toujours de l’importance de l’éducation.

Hiromi Nagakura

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