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Louisiane : les premiers réfugiés climatiques des États-Unis
Sandra Mehl
Qui aurait imaginé que la première puissance économique mondiale verrait naître un jour sur son sol des réfugiés climatiques ?
À l’extrémité de la Louisiane, à 130 km au sud de La Nouvelle-Orléans, l’Isle de Jean-Charles sombre peu à peu. Abritant autrefois une école, une église et jusqu’à 500 habitants, c’est à présent une miette de terre cernée par les eaux du bayou. Réduite à 3 km de long sur 300 m de large, l’île a perdu 98 % de sa surface depuis 1955. En cause : la montée des eaux, l’érosion côtière qui déchiquète le littoral depuis des siècles, et les ouragans, avec leur lot d’inondations et de destructions, plus fréquents et plus virulents au fur et à mesure que le climat se dérègle. La responsabilité aussi à l’industrie pétrolière et ses 4 000 plateformes implantées dans le golfe du Mexique. Perforé par des dizaines de milliers de kilomètres de canaux destinés à acheminer le pétrole, le sol se fragilise et s’affaisse, précipitant l’engloutissement des terres. La plus grave marée noire de l’histoire du pays, à la suite de l’explosion de la plateforme Deepwater Horizon le 20 avril 2010 au large des côtes, n’aura pas pour autant freiné cette exploitation dévastatrice. C’est que la Louisiane, quatrième État producteur de brut des États-Unis, fournit une grande partie du pétrole consommé dans le pays.
En conséquence, dans ces marges côtières du delta du Mississippi, chaque heure, c’est l’équivalent de la surface d’un terrain de football qui est englouti. L’île campe sur l’une des régions du monde où la disparition des terres est la plus rapide.
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