Pour moi, la photographie est un hymne à la beauté. J’ai commencé à y travailler vers l’âge de quinze ans avec mon ami André Fatras, photographe animalier et grand amoureux de l’aventure. La nature a été mon premier sujet. Après avoir terminé ma thèse en génétique moléculaire à l’institut Pasteur, je me suis installé dans l’Himalaya en 1972, où j’ai, au fil des années, photographié mes maîtres spirituels et le monde dans lequel ils évoluent. Mon seul but était de partager avec les autres la splendeur, la force et la profondeur de leur univers.

D'après les enseignements bouddhistes, la nature de bouddha est présente en chaque être. A travers l'image, je désire montrer la beauté de cette nature humaine. La beauté et la dignité peuvent coexister avec la douleur la plus intense, et l'espoir peut survivre même à la destruction et la persécution la plus totale. Le peuple tibétain en est la preuve, lui qui a su conserver sa joie, sa force intérieure et sa détermination, alors qu'il subit un génocide humain et culturel. Les images de souffrance, de détresse et d'ignominie abondent.
Je n'ai jamais pu en prendre. A mes yeux, il est essentiel d'inspirer la confiance et l'espoir, car c'est ce dont nous avons réellement besoin. J'utilise un matériel simple. Il m'arrive de ne pas prendre une seule photo pendant des mois. Puis vient le jour ou les personnages, le lieu et la lumière surgissent de si belle façon que l'on ne peut résister à en faire une image, une offrande à tous ceux qui poseront leurs yeux sur elle.

Matthieu Ricard

Matthieu Ricard

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