Babaian, c’est le nom porté par mon aïeul qui vivait au nord de la Turquie.

Pour fuir les représailles turques, il pousse son chemin plus loin, enfoui son nom arménien dans sa mémoire et commence une nouvelle vie en Perse, sous le nom de Yaghobzadeh.

Tous les jours, sur le chemin de mon école, je passais par la rue Manouchéri, commerçante et peuplée d’antiquaires juifs. Au fil des jours de fermeture des échoppes, je me suis familiarisé avec les fêtes de la communauté juive.

A l’Ecole zoroastrienne, où j’ai effectué ma scolarité en pantalon de flanelle grise, chemise blanche et cravate, la rigueur côtoyait les enseignements millénaires de Zarathoustra.

Jusqu’au lycée, je célébrais avec mes amis le Nouvel An perse, la Fête du feu, et visitais régulièrement le temple zoroastrien. L’islam était loin et on baignait dans la Perse millénaire.

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Ma mère me parlait en assyrien, une langue biblique, héritée de Babylone.

Mes oncles parlaient l'arménien, et les disputes familiales remontaient aux antiques querelles entre Assyriens et Arméniens, vieilles de quatre mille ans.

Portant en moi les traces de toutes ces religions, j'ai commencé mon travail sur les minorités il y a un an. J'ai entrepris mes recherches par ordre chronologique en commençant par la Perse zoroastrienne. L'image de cette femme, vêtue de noir de la tête aux pieds qui domine les vestiges de l'ancienne Perse, est symbolique de l'Histoire de l'Iran.

J'ai suivi toutes les coutumes encore de mise dans la petite communauté zoroastrienne.

Dans un village aux traditions intactes, les jeunes rêvent de nouveaux horizons en Australie ou au Canada.

Les Arméniens continuent à remplir les églises, à se marier en costume et robe blanche, mais les jeunes couples se sont déjà tracé un avenir à Los Angeles, la deuxième patrie des Arméniens.

Le commerçant juif chez qui j'ai longuement discuté en achetant un tapis, sait quelle peut être sa destination finale ; mais il ne semble pas très pressé. Après les Arméniens, les Juifs forment la minorité la plus importante.

Rachel, David, Krikor, Darius, Sargon et Jamshid m'ont accueilli avec beaucoup de confiance. Je les en remercie et j'espère que ce témoignage ne sera pas le dernier, bien que je craigne que d’ici cinq ans, je ne les retrouve plus.

Alfred

Alfred Yaghobzadeh

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