Ce reportage photographique concerne les habitants de Jharia, en Inde (Sud du Bihar), dont la ressource principale est l’exploitation du charbon. Depuis 1916, un phénomène unique au monde a transformé cette région en enfer…  De ces mines s’échappe un feu, incontrôlable et dévastateur, qui réduit à néant le travail des hommes et rend cette terre dont la manne était le charbon à coke, inexploitable.
Et pourtant, malgré le feu, des hommes, des femmes et des enfants continuent d’y travailler. Le but de mon reportage est de raconter l’histoire de leur vie, de cette zone dangereuse et polluée qui s’affaisse.

La région minière de Jharia s'étend sur  450 Km2 : 40 zones de charbon ont été identifiées dont 19 sont exploitables. L'activité minière à grande échelle du charbon à coke a commencé vers 1895, lorsque les chemins de fer de l'Inde de l'Est ont construit leurs lignes de Barakar à Dhanbad, près de Jharia. La majorité des mines appartenaient à des compagnies privées, ou à des propriétaires jusqu'en 1971, date à laquelle cette région minière a été nationalisée, devenant la "Bharat Coking Coal Limited". La concentration de charbon dans ce sol est la plus élevée du monde avec près de 11 000 millions de tonnes. L'histoire des mines en feu de Jharia est aussi vieille que l'extraction du charbon de cette région. Les raisons principales de l'existence de ce feu sont liées aux méthodes non scientifiques et aléatoires d'extraction voulues par les propriétaires de l'époque. Si aujourd'hui le feu perdure et que la terre s'affaisse, c'est en raison du fait que les galeries n'ont jamais été remblayées par du sable et de l'eau, procédé traditionnel pour empêcher une telle catastrophe. Le premier feu est apparu à Bhowrah en 1916; aucune mesure n'a été prise pour enrayer la propagation de ce "fléau", lequel a dévasté littéralement toute la terre de Jharia à partir de 1960. Aujourd'hui 70 parcelles sur 158 à Jharia sont en feu, au moins 37 millions de tonnes de charbon de qualité ayant été détruites à ce jour; 1864 millions de tonnes de charbon cokéfiable de première qualité sont ainsi inexploitables.

En 1994, la Banque Mondiale a financé une étude de 12 millions de dollars en envoyant sur place deux experts. Selon le rapport de ces spécialistes, la seule solution, pour éteindre ce feu, serait de déblayer cette zone à une telle profondeur que l'opération paraît impossible à cause de son coût. Celui ci est estimé à 2,4 milliards de dollars.

La plupart des habitants de cette région appartiennent à la caste des "Intouchables". A la limite de la légalité, ils prennent le charbon des mines à ciel ouvert qui encerclent leurs villages et survivent en le vendant à moindre prix... Après avoir passé un mois dans cette région, j'ai été témoin des conditions effroyables dans lesquelles vivent ces gens. J'ai été frappé par leur volonté de rester, malgré la pollution et le haut risque d'affaissement du sol. Des maisons sont avalées par la terre, des flammes d'environ 4 mètres jaillissent à la surface et pourtant 450 000 personnes continuent à vivre sur les "Mines en Feu de Jharia".

Tiane Doan na Champassak

Tiane Doan Na Champassak

champassak.jpg
Voir les archives