Lauréat 2001 du Grand Prix CARE International du reportage humanitaire

Pour la sixième année consécutive, nous présentons les meilleurs candidats à ce prix porteur d’espoir, parrainé cette année par « Carrefour Solidarité ». Cela fait six ans que je travaille exclusivement sur ce reportage. Le dossier de l’immigration est l’un des plus épineux pour l’Europe, et traiter de cette question en profondeur exige beaucoup de temps et de patience.

Chaque année, de plus en plus d’immigrés affluent vers l’Europe. Les habitants des régions les plus pauvres de la planète sont prêts à tout sacrifier pour pour quitter leur pays. Ils choisissent de s’installer clandestinement en Europe plutôt que vivre dans les bidonvilles de Calcutta ou de Lagos. L’Europe n’a pas de structure lui permettant de faire face à ces millions d’immigrés, qu’ils soient clandestins ou non; en effet, il n’existe aucune politique européenne concertée en la matière. Certains pays, tels que le Danemark, ont des frontièrements presque hermétiques, tandis que d’autres, comme l’Allemagne et la Suède, ont des politiques très généreuses.

Ces immigrés, pour la plupart des hommes, prennent des risques énormes pour se rendre en Europe. La plupart des centres pour réfugiés sont surpeuplés, et leurs résidents supportent mal d’attendre parfois plusieurs années avant de recevoir un permis de séjour, lorsque leur demande n’est pas rejetée.

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J'ai commencé mon reportage il y a neuf ans en Albanie, où j'ai photographié des milliers de personnes fuyant le pays pour se rendre en Grèce ou en Italie. Certes, les choses ont changé depuis lors; ceux qui quittent des pays tels que le Pakistan, la Chine, l'Inde, le Bangladesh et certains pays africains ne demandent plus l'asile. Sachant qu'ils n'obtiendront jamais le statut de réfugié, ils vivent dans la clandestinité. Tous les jours, des immigrants tentent de traverser les frontières, dissimulés dans des trains ou des navires, ou en empruntant des sentiers de montagne, au péril de leur vie. Le trafic d'immigrants clandestins vers l'Europe est devenue une affaire lucrative. Les clandestins refoulés ne retournent plus dans leur pays d'origine, de peur de perdre la face, car en général ce sont les membres de leur famille qui ont réuni les fonds pour financer leur fuite en Europe. Dans le cadre de ce reportage, mon but est de suivre des immigrants au long de leur voyage vers ce qu'ils pensent être le paradis: l'Europe.

La grande majorité des travaux agricoles dans des pays tels que l'Italie, l'Espagne te la Grèce sont assurés par des immigrés, qu'ils soient clandestins ou non. Jusqu'à présent, mon reportage m'a mené dans les pays suivants : l'Italie, l'Allemagne, l'Albanie, la Grèce, les Pays-Bas, la République Tchèque, la Belgique et la Turquie. A Istanbul, j'ai vécu dans une pension pendant quinze jours aux côtés d'une vingtaine de Pakistanais qui espéraient trouver un bateau qui les emmèneraient en Grèce, mais l'occasion ne se présenta jamais. J'ai fait unséjour à Athènes où des milliers de Kurdes d'Irak dormaient dans des cartons dans un square, en attendant de passer en Allemagne ou aux Pays-Bas En Italie et en Grèce, j'ai photographié des immigrés, clandestins ou en situation régulière, chez eux ou au travail dans les champs. J'ai suivi un groupe d'Albanais alors qu'ils traversaient la frontière avec la Grèce. A Bruxelles, j'ai assisté à l'annonce de la régularisation de nombreux clandestins. J'ai l'intention de me rendre en Espagne et au Portugal vers la mi-avril afin de poursuivre ce reportage.

Il s'agit d'un sujet brûlant; les réfugiés continuent d'affluer en Europe, et personne ne propose de solution à ce problème.

En 1997, j'ai reçu une bourse pour ce travail de la part de Ministère de la Culture des Pays-Bas. En 2000, j'ai pu bénéficier, en même temps que Anthony Haughey et Gilles Peress, d'une subvention du Centre National de l'Audiovisuel du Luxembourg, au titre du programme Mosaïque.
Au cours des huit dernières années, j'ai bénéficié du soutien financier de Anna Cornelis Stichting (Hollande), Stichting Fonds voor de Beeldene Kunsten, Vormgeving en Bouwkunst (Hollande) et du Centre National de l'Audiovisuel - Programme Mosaïque.
Qu'ils en soient tous remerciés.

Ad Van Denderen

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Han Singels
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