Le 5 mars 2013 à 16h45, quatorze ans après avoir conduit la révolution bolivarienne au pouvoir, le président Hugo Chavez meurt, laissant derrière lui une révolution orpheline. Ses partisans souhaitent perpétuer sa mémoire et son héritage. Mais quel est l’héritage d’Hugo Chavez ?

Le Venezuela détient les plus importantes réserves pétrolières du monde et, pendant longtemps, le baril s’est vendu à 100 dollars et même plus. Entre 2000 et 2012, le pays a connu la plus forte croissance économique de son histoire. Néanmoins, une crise politique et économique y sévit et la criminalité est endémique. Sous le régime Chavez, les revenus pétroliers avaient atteint leur plus haut niveau historique et c’est lui qui gérait les fonds provenant de cette manne. Il a mis en place des programmes sociaux et une politique de redistribution des richesses, mais sous sa présidence, le taux d’homicide est monté en flèche et le Venezuela est devenu le deuxième pays le plus dangereux du monde.

Malgré les 21 plans de sécurité mis en œuvre ces 14 dernières années, la violence a continué de s’intensifier. Les systèmes policier et judiciaire sont médiocres : l’effectif des forces de sécurité nationales serait seulement de 200 000 membres pour un taux d’homicides de 79 à 114 pour 100 000 habitants.

Non seulement il n’y a pas assez de policiers, mais leurs salaires sont très bas et le soutien logistique est quasi inexistant. Certains secteurs comme les enquêtes criminelles et médico-légales (CICPC), le parquet et la magistrature doivent gérer 700 affaires par mois et se retrouvent débordés. Avec de tels chiffres, il n’est pas surprenant que le taux d’impunité atteigne les 90 %, favorisant ainsi les récidives.

Ce système policier inadapté a entraîné l’émergence d’une société violente. Les bidonvilles de Caracas sont devenus une zone de non-droit où seule la loi du plus fort est respectée. Malgré le plan de désarmement du gouvernement, il est estimé qu’entre 9 et 15 millions d’armes circulent au Venezuela.

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De plus, le pays traverse une crise économique avec un taux d’inflation qui a dépassé les 60 % en un an. La monnaie est dévaluée régulièrement et soumise à un strict contrôle du taux de change, rendant l’accès aux dollars américains impossible. Cela a entraîné une forte augmentation du coût de la vie et, aujourd’hui, les Vénézuéliens travaillent pour avoir à peine de quoi survivre et se nourrir. D’après le quotidien britannique The Guardian, Caracas est la sixième ville la plus chère du monde, devant Tokyo et après Singapour et Paris. Il est devenu vraiment difficile de vivre au Venezuela.

La crise financière et la violence n’offrent guère de perspectives pour la jeune génération qui est descendue dans la rue l’année dernière pour manifester contre le président Nicolas Maduro et son gouvernement. Pendant trois mois, les manifestants – principalement des étudiants – se sont affrontés aux forces de sécurité. Bilan : 43 morts et plus de 3 000 arrestations.

Ce projet s’attache à raconter l’histoire cachée d’un pays que l’on connaît mal, la véritable histoire de la vie au Venezuela et la situation sociale et politique actuelle vue de l’intérieur. Mon histoire est celle d’un pays qui porte le poids de l’héritage de l’un des dirigeants les plus emblématiques et controversés d’Amérique latine, Hugo Chavez. Chaque jour, je vis et fais partie de cet héritage.

Alejandro Cegarra

Alejandro Cegarra

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