Cuba, une île tropicale, un État communiste. Dans ce paradis socialiste des Caraïbes, l’eau est d’une importance primordiale. En 2019, la nouvelle Constitution de Cuba a reconnu à l’article 76 le droit à l’eau et la responsabilité de l’État de fournir de l’eau potable et son assainissement. Mais l’idéal d’un accès à l’eau potable pour tous est entravé par la réalité du quotidien et présente une multitude de défis.

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Avec la croissance démographique et les effets du changement climatique, les eaux de pluie et les eaux souterraines de l’île ne suffisent plus à répondre aux besoins en eau douce de la population. La situation à Cuba est unique dans le sens où les effets de la pénurie d’eau sont aggravés par plus de soixante années de communisme. Les infrastructures vieillissantes sont en piteux état, et plus de la moitié de l’eau se perd dans des fuites. Les campagnes de réhabilitation sont quant à elles contrariées par l’embargo américain. Tels sont les principaux facteurs qui contribuent aux problèmes d’approvisionnement en eau rencontrés au quotidien.

La plupart des villes de Cuba n’arrivent pas à faire fonctionner un réseau de distribution d’eau stable. Celle-ci est donc rationnée et ne coule que quelques heures par jour à travers des canalisations dégradées. Dans la ville de Trinidad, la capacité de l’aqueduc n’est pas suffisante pour répondre aux besoins de la population. Ainsi, lorsque l’eau coule, elle est pompée et stockée sur les toits, ce qui est un défi étant donné la faible pression.

Dans ce pays privé de systèmes automatisés et numériques, c’est une armée de travailleurs qui chaque jour dans les rues est chargée d’approvisionner la population cubaine en eau potable. Ce reportage présente les défis et les solutions : les conducteurs de camions-citernes qui livrent les quartiers sans réseau de distribution, les inspecteurs sanitaires qui contrôlent l’état des citernes, et les fumigateurs qui luttent contre les moustiques et autres insectes pour endiguer les maladies à transmission vectorielle.

Manifiesto del agua montre le système tel qu’il est – informel – et l’inventivité du peuple cubain pour lequel l’eau est un défi quotidien. C’est en suivant le parcours de l’eau à travers l’île que l’on peut mieux comprendre la société cubaine et le Cuba communiste tel qu’il est aujourd’hui.

Sanne Derks

Ce projet a été rendu possible grâce au soutien du Fonds néerlandais pour les projets journalistiques spéciaux (FBJP) et au Fonds Anna Cornelis pour la photographie documentaire. Je remercie particulièrement Tanya Habjouqa, Lars Boering et Niels Coppes.

Sanne Derks

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