Édito de Jean-François Leroy 2

Visa pour l’Image aura donc bien lieu. Sauf nouvelle vague de la pandémie et malgré une situation sanitaire exceptionnelle qui paralyse le monde entier, les lieux emblématiques de Perpignan ne seront pas dépouillés de leurs images pour cette 32e édition. Évidemment, nous en sommes heureux. Et nous réalisons à quel point notre position dans l’agenda – cette première semaine de septembre que les parents nous ont si souvent reprochée – nous est cette année favorable. D’autres n’ont malheureusement pas eu cette chance.

Il serait naïf de penser que cette édition sera comme les précédentes. Les mesures sanitaires qui nous sont imposées à juste titre et les restrictions de déplacement vont de facto entraver le déroulement et l’ambiance du festival. Il faut donc nous adapter. L’occasion pour nous de réfléchir à de nouvelles manières de remplir notre objectif. L’occasion de repenser cette mission qui nous habite chaque année depuis plus de 30 ans : vous montrer le meilleur de la production photojournalistique. L’occasion, donc, de perturber la « routine » des formats de Visa pour l’Image. Rien ne remplacera le rapport intime et chaleureux qu’un cadre, une marie-louise et un beau tirage réalisé par des artisans de talent peuvent tisser avec le public – même dans les déambulatoires bondés et caniculaires du Couvent des Minimes. Et rien, évidemment, ne saurait se substituer au Campo Santo et aux soirées de projection, que nous ne pourrons proposer cette année qu’en virtuel.

Visa pour l’Image aura bien lieu. Ces fameux cadres habilleront donc comme chaque année les salles du couvent et les murs de l’église des Dominicains. Mais pour celles et ceux qui ne pourront pas se rendre à Perpignan, nous réfléchissons depuis déjà plusieurs mois aux nouvelles écritures possibles pour vous présenter les reportages que nous avons sélectionnés cette année. Expositions, projections et conférences seront ainsi virtuellement – et gratuitement – disponibles, dans des habillages inédits dans l’histoire du festival. Face à cette crise sans précédent, nous nous félicitons de la présence à nos côtés de partenaires historiques et fidèles nous ayant confirmé leur indéfectible soutien pour nous permettre d’élaborer ces nouveaux formats – formats qui seront amenés à être pérennisés et à enrichir l’offre du festival dans les années à venir.

Dans ces temps tumultueux où la frontière entre les opinions et les faits se trouble chaque jour un peu plus, où des informations non vérifiées animent les débats des réseaux sociaux jusqu’aux plateaux télévisés, nous pensons que Visa pour l’Image peut apporter plusieurs choses dont l’époque semble cruellement manquer. Du fond, de la nuance et de la mise en perspective. Encore, et toujours, l’essence du photojournalisme.

Jean-François Leroy Le 11 mai 2020