Ces « récits d’une terre meurtrie » documentent une question complexe qui affecte la terre et une grande partie de ses habitants : l’industrie agroalimentaire. Une industrie si tentaculaire qu’elle peut relier les petits producteurs d’Amérique latine ou certaines tribus d’Afrique aux grandes entreprises et consommateurs des pays développés.

Depuis près de vingt ans, l’industrie agroalimentaire produit d’énormes quantités d’aliments tout en générant de gros profits. Grâce à l’apport de la biotechnologie et à la création de plantes génétiquement modifiées plus résistantes aux produits chimiques, le travail de semence et de récolte a été simplifié. Mais le recours aux OGM pose le problème de leurs risques potentiels pour la santé, mettant toute l’industrie agroalimentaire sur la sellette.

Ces « récits d’une terre meurtrie » examinent les conséquences de ce modèle de production agricole et nous invitent à nous départir de tout dogmatisme pour enfin prendre cette question à bras-le-corps : l’industrie agroalimentaire est-elle la solution au problème de la faim dans le monde ou bien est-elle en train d’empoisonner la planète ?

La question est d’autant plus complexe qu’elle s’étend à de nombreux sujets, tout aussi importants : la santé publique, les politiques publiques, les droits fonciers, l’environnement, les intérêts des grandes multinationales, et les applications des avancées scientifiques à l’industrie alimentaire.

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Selon les chiffres officiels, les populations vivant près des zones de pulvérisation de certains produits phytosanitaires connaissent une prévalence anormalement élevée de cancers et de malformations congénitales. Or si ces pesticides, tel le glyphosate (herbicide), sont aujourd’hui interdits au sein de l’Union européenne, ils sont encore autorisés dans de nombreux pays producteurs. C’est notamment le cas en Argentine et au Brésil, deux des plus grands greniers à blé du monde, où les effets néfastes de ces produits sur la santé ont été dénoncés.

Pour fonctionner, ce modèle de production agricole exige toujours plus de terres arables. Ainsi de nombreux hectares de terrain autrefois non cultivés ont été défrichés, notamment dans la forêt amazonienne. Mais la création de nouvelles surfaces cultivables provoque parfois des situations de conflit, voire de violence, entre communautés rurales, peuples indigènes et producteurs autour de la question de l’accès à la terre.

L’introduction de ces nouvelles pratiques agricoles et de ces cultures transgéniques entraîne la disparition des cultures traditionnelles. Un phénomène qui passe presque inaperçu, éclipsé par les annonces de récoltes record dans les pays qui ont adopté ce modèle basé sur la monoculture.

*Alvaro Ybarra Zavala *

Les photographies de ce reportage ont été réalisées entre octobre et décembre 2012 et entre mars et mai 2014 pour l'Argentine, et en juillet 2013 pour le Brésil.

Alvaro Ybarra Zavala

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