En 2001, le monde promettait la reconstruction de l’Afghanistan. Aujourd’hui, huit ans plus tard, l’espoir des Afghans - mais plus encore la confiance qu’ils avaient pu avoir dans leur gouvernement et la communauté internationale - s’est érodé. Depuis la chute des talibans, les conditions de vie de la population locale ne se sont guère améliorées. L’introduction d’une prétendue démocratie s’est révélée n’être que promesses au vent et poudre aux yeux.

Aujourd’hui, le pays est à nouveau au bord du gouffre, risquant de sombrer dans une situation cauchemardesque. L’histoire récente de l’Afghanistan est marquée par la guerre, la souffrance et la destruction qui ont accompagné les nombreuses invasions du pays. Début 2002, les Afghans avaient retrouvé foi en l’avenir et ce sont près de quatre millions de réfugiés qui, dans un geste d’espoir et de confiance, sont rentrés en Afghanistan après trois décennies d’exil. Cependant, ce sentiment s’est progressivement étiolé au fil des nombreuses erreurs commises par la communauté internationale. Aveuglés par leurs efforts pour venir à bout des talibans dans les villages afghans, ils n’ont pas su comprendre que la source du problème ne venait pas d’Afghanistan mais des pays voisins.

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La guerre en Afghanistan gagne du terrain. Trop de civils innocents ont perdu la vie sous les bombes et tirs des forces de la coalition. D’autant que la résistance talibane n’est pas en reste, multipliant les attaques avec vigueur. Ainsi les réfugiés et anciens exilés afghans sont déplacés chaque jour : la plupart ne peuvent pas rentrer chez eux et, par la force des choses, doivent trouver refuge dans des bidonvilles près des grandes villes, telles Kaboul, Kandahar, Herat ou encore Jalalabad. Des milliers de réfugiés ont été déportés d’Iran. D’autres ont dû fuir leurs camps au Pakistan, où beaucoup d’entre eux sont nés.

L’année dernière, au cours de mes voyages dans le sud, est, nord et ouest de l’Afghanistan, j’ai pu voir toute l’ampleur de la catastrophe humanitaire qui afflige le pays. Une catastrophe due à la guerre, à la sécheresse et à l’insécurité. Aujourd’hui, des centaines de milliers de personnes vivent dans des logements de fortune, faits de plastique ou de toile, aux alentours des villes. Pour eux, aucune perspective d’emploi, pas d’écoles ni de soins médicaux. Au sud, l’instabilité règne ; au nord, la sécheresse empire. Nombreux sont ceux à avoir quitté leur maison pour, au bout du compte, n’être que déplacés et piégés ailleurs avec peu, voire aucune aide des ONG, du gouvernement afghan ou de la communauté internationale.

Certains parlent de « gagner les cœurs et esprits » du peuple afghan. Comment, cependant, gagner le cœur et l’esprit si le corps est faible et moribond ? Si les principaux médias se concentrent sur l’action militaire, j’éprouve pour ma part le besoin de parler du coût humain de cette « guerre contre la terreur », telle qu’elle est vécue par le peuple afghan, de montrer l’étendue de la tragédie humaine qui se déroule dans mon pays. Le reste du monde fait la sourde oreille, et le drame continue, en silence. Je crois fermement qu’aucune solution ne saurait être trouvée qui ne passe par une approche plus globale.

Zalmaï

Zalmaï

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