Ces deux dernières décennies ont vu la pêche industrielle se développer à un rythme effréné. Des flottes internationales de méga-chalutiers, de super-senneurs et de navires-usines sont en concurrence avec un nombre croissant de bateaux de pêche locaux pour vider les réserves halieutiques des océans. Un exemple classique de tragédie des biens communs où des individus surexploitent une ressource partagée.

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La gravité de ce problème mondial a été récemment quantifiée dans une étude pionnière menée sur dix ans par le biologiste Daniel Pauly (université de la Colombie-Britannique, Canada), qui a montré que le nombre de poissons pêchés dans le monde est supérieur de 50 % aux chiffres rapportés par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, la raison étant que les données sources sont autodéclarées par chaque pays. L’équipe du professeur Pauly a minutieusement reconstruit les données historiques pour montrer que les prises mondiales de poissons ont atteint un pic en 1997 à 130 millions de tonnes. Elles ont depuis diminué de 1,2 million de tonnes par an, malgré l’augmentation considérable du nombre et de la taille des bateaux de pêche et l’apparition de nouvelles technologies pour le repérage des poissons. Ce sont des signes évidents que les réserves de poissons sauvages sont en chute libre face à la surexploitation de la biosphère par l’homme.

Les photographies de cette exposition ont été prises au cours des six dernières années dans neuf pays. Elles montrent des navires parmi les plus grands et les plus sophistiqués pour exploiter la faune marine, ainsi que des pêcheurs pauvres des pays les moins développés du monde qui fouillent désespérément les eaux côtières pour nourrir leurs familles. Mais en parcourant les sept mers, je n’ai pas rencontré que malheur et pessimisme. J’ai également découvert des pêches raisonnées qui exploitent des espèces spécifiques de manière durable, avec une surveillance scientifique des populations de poissons pour garantir leur présence à long terme. Ceci pour rappeler qu’il existe des solutions, mais seulement si nous cherchons à mieux comprendre les sources et les impacts de nos choix alimentaires afin de prendre des décisions plus éclairées. Ainsi, la prochaine fois que vous achèterez un produit de la mer, cherchez à savoir comment il est arrivé sur votre marché local et souvenez-vous que même les poissons et fruits de mer d’élevage, comme le saumon et les crevettes, dépendent de la pêche sauvage pour leur alimentation.

George Steinmetz

Ce projet a été partiellement financé grâce à une subvention de la National Geographic Society.

George Steinmetz

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NELL STEINMETZ
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