Visionnez la rencontre avec Emilio Morenatti, modérée par Caroline Laurent-Simon https://cloud.imagesevidence.com/index.php/s/XrP4T9dbRPgPT5w

La tendresse d’un couple de personnes âgées qui s’embrassent à travers une toile en plastique dans une maison de retraite de Barcelone pendant la pandémie de Covid-19. La détermination pragmatique d’un petit Afghan qui enfile sa chaussure tandis que sa prothèse de jambe est posée à côté de lui. Ce que captent les photographies d’Emilio Morenatti, c’est l’intensité poignante des sentiments humains, même au cœur du tourbillon des événements.

Tout au long de sa carrière chez Associated Press, ce photojournaliste espagnol plusieurs fois récompensé a documenté certains des conflits les plus dangereux du XXIe siècle : Afghanistan, Irak, Gaza et Ukraine. Son travail sur l’invasion russe de l’Ukraine avec une équipe AP lui a valu un second prix Pulitzer. Le premier, un Pulitzer individuel, lui a été décerné pour ses photographies marquantes de la pandémie de Covid qui montraient l’isolement physique et affectif. Ces photos ont été prises à Barcelone, sa ville natale, qu’il parcourt avec un scooter spécialement adapté à son handicap : il a perdu une jambe en 2009, à l’âge de 43 ans, lors d’une mission en Afghanistan.

Emilio Morenatti connaît toute l’horreur de la guerre et les risques encourus par les journalistes qui sont les premiers témoins empathiques des conflits. Plus que de simples clichés, ses photographies plongent le public du monde entier dans le drame des personnes représentées. Il y a la solitude d’un sans-abri qui dort dans le souffle chaud d’une bouche d’égout au milieu d’une rue déserte ; la solitude de l’homme qui prend son repas les yeux rivés sur la télévision, seule compagnie autorisée pour Noël pendant la pandémie.

Il y a également la résilience inspirante de la cycliste paralympique assise à côté de ses prothèses après avoir remporté le contre-la-montre ; et en Ukraine, un garçon qui pousse sa sœur de 11 ans sur une balançoire dans la cour de l’hôpital où elle a été amputée des deux jambes après avoir été blessée lors d’un bombardement.

La nature aussi a une force émotionnelle, comme en témoignent ses photos de l’éruption dévastatrice du volcan Cumbre Vieja aux Canaries en 2021, qui lui ont valu le prix Mingote. Une maison et un terrain de football recouverts de cendres noires pourraient faire penser à une œuvre d’art visuel, mais le vide quasi surnaturel souligne la perte tragiquement réelle.

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Emilio Morenatti connaît toute l’horreur de la guerre et les risques encourus par les journalistes qui sont les premiers témoins empathiques des conflits. Plus que de simples clichés, ses photographies plongent le public du monde entier dans le drame des personnes représentées.

Il y a la solitude d’un sans-abri qui dort dans le souffle chaud d’une bouche d’égout au milieu d’une rue déserte ; la solitude de l’homme qui prend son repas les yeux rivés sur la télévision, seule compagnie autorisée pour Noël pendant la pandémie. Il y a également la résilience inspirante de la cycliste paralympique assise à côté de ses prothèses après avoir remporté le contre-la-montre ; et en Ukraine, un garçon qui pousse sa sœur de 11 ans sur une balançoire dans la cour de l’hôpital où elle a été amputée des deux jambes après avoir été blessée lors d’un bombardement. La nature aussi a une force émotionnelle, comme en témoignent ses photos de l’éruption dévastatrice du volcan Cumbre Vieja aux Canaries en 2021, qui lui ont valu le prix Mingote. Une maison et un terrain de football recouverts de cendres noires pourraient faire penser à une œuvre d’art visuel, mais le vide quasi surnaturel souligne la perte tragiquement réelle. La capacité d’Emilio Morenatti à établir un lien d’abord avec la réalité, puis entre le sujet et le spectateur, a fait de lui l’un des photographes les plus renommés de sa génération. Son travail est un modèle pour les jeunes photojournalistes qu’il forme et inspire avec sa passion et sa détermination à faire changer les choses.

« Avec le temps, je me suis rendu compte que j’aimais vraiment être le premier sur place, le premier témoin d’un événement. Mais ensuite, je me suis épris d’un sentiment qui perdure aujourd’hui : l’engagement de contribuer, non pas à changer le monde, ce serait prétentieux, mais à faire réfléchir. C’est très gratifiant d’entendre quelqu’un dire qu’en passant du temps devant mes photos, cela a éveillé quelque chose en lui. Cela compte plus pour moi que le Pulitzer. » À une époque où nous sommes submergés d’images, il est impossible de détourner les yeux des photos d’Emilio Morenatti. Le regard des personnes photographiées nous transperce : les yeux gonflés et désespérés d’une jeune veuve ukrainienne, ou les yeux pleins de curiosité de petits Afghans qui observent les agents de l’ONU décharger leur hélicoptère. Il y en a tant, mais lui a une photo préférée : celle prise lors de la naissance de son premier enfant, Gala.

Giovanna Dell’Orto Professeure associée émérite, Hubbard School of Journalism and Mass communication, Université du Minnesota

Emilio Morenatti

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