Ce n’est que lorsque nous sommes confrontés à notre propre mortalité que nous comprenons et apprécions mieux la vie. Personne n’aime parler de la mort, c’est pourtant l’une des seules choses dont nous sommes sûrs qu’elle arrivera un jour. La conscience de cette échéance a permis à ma famille de profiter du temps qui lui restait à passer ensemble.

Ceci est l’histoire d’une famille à travers l’épreuve de deux parents atteints en même temps d’un cancer avancé, et se penche sur l’amour et la vie face à la mort. C’est un hommage à mes parents, un témoignage de leur force et de leur amour, individuellement et ensemble. C’est l’histoire des derniers chapitres de leur vie. Ils se sont éteints à 364 jours d’écart.

« La vie est un cadeau et personne ne m’avait promis l’éternité. » Ce sont les paroles d’Howie Borowick, quelques mois après avoir appris qu’il était atteint d’un cancer du pancréas incurable. À seize ans, il avait déjà perdu ses deux parents et pris conscience de la fragilité de l’existence. Il a su profiter de chaque jour de sa vie et, lorsque le diagnostic est tombé, il avait réalisé tous ses rêves. Le seul lien qui le retenait encore, c’était sa femme, Laurel, l’amour de sa vie, atteinte d’un cancer du sein depuis dix-sept ans.

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Notre histoire s’intéresse à la coexistence du bon et du mauvais, de l’important et du futile. Laurel et Howie ont choisi de passer les derniers mois qui leur restaient à vivre à créer de nouveaux souvenirs plutôt que de se replier sur eux-mêmes. Ils étaient mariés depuis trente-quatre ans et, soudain, leur temps était écoulé. Howie est décédé le 7 décembre 2013, un an et un jour après le diagnostic des médecins. La vie de Laurel a été bouleversée, elle se retrouvait seule après avoir été la moitié d’un couple pendant la plus grande partie de sa vie. C’est à ce moment-là que sa maladie s’est aggravée, rendant les gestes du quotidien de plus en plus difficiles. Elle ne craignait pas la mort, elle s’y préparait depuis longtemps, mais elle avait peur du processus de la mort, de perdre sa capacité à penser, à aimer, à communiquer avec ses enfants.

Avec dix mètres de tube à oxygène qui la suivaient telle une traîne, Laurel a passé ses dernières semaines entourée de ceux qui l’aimaient et qu’elle aimait. La douleur s’est accentuée, sa respiration est devenue laborieuse, et bientôt elle n’a plus eu la force de quitter son lit. Laurel a rendu son dernier soupir le 6 décembre 2014, un jour seulement avant l’anniversaire de la mort de son mari.

J’ai photographié mes parents pour garder un souvenir d’eux, pour capter leur essence et leur force dans un tel moment. Tout le monde souhaite trouver un sens à sa vie. Pour mes parents, c’était ce moment, le fait de m’avoir permis de raconter leur histoire – une histoire d’amour – et l’histoire de notre famille, l’héritage qu’ils nous ont laissé. Lorsque tout est fini, on se demande à quoi cela a pu servir. Tout cela, ils l’ont fait pour nous.

Nancy Borowick

Exposition coproduite par la Fondation Photographic Social Vision.

Nancy Borowick

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