Aujourd’hui nous connaissons bien les causes de cette apocalypse environnementale à laquelle nous sommes confrontés : le changement climatique, la surexploitation des ressources, la pollution, la destruction des habitats naturels, les espèces invasives, la déforestation massive et l’agriculture intensive ont entraîné des dommages irréversibles. Depuis 1970, les populations de vertébrés ont diminué de plus de 60 %, et depuis 1980, quelque 600 millions d’oiseaux ont disparu en Europe.

L’avenir de la planète dépend aussi de la santé des océans qui sont des grands régulateurs du climat. Le plancton et le phytoplancton absorbent une grande partie du CO2 de l’atmosphère, mais alors que les températures augmentent et que les océans doivent absorber toujours plus de dioxyde de carbone, l’eau de mer devient de plus en plus acide. À cela s’ajoute la pollution, avec les métaux lourds, les solvants, les boues toxiques et autres déchets industriels déversés dans les eaux du monde. Sous l’effet conjugué de l’acidification des océans et de la pollution, des « zones mortes » se sont formées, provoquant l’asphyxie de la faune marine. Il existe aujourd’hui plus de 400 zones mortes marines dans le monde. Les conséquences s’observent sur toute la biodiversité, des récifs coralliens aux poissons et crustacés.

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« Une grande partie de la nature est déjà perdue et ce qui reste continue de décliner », a alerté le groupe d’experts de l’ONU sur la biodiversité. Sur les 8 millions d’espèces animales estimées sur la planète (dont 5,5 millions d’insectes), jusqu’à un million sont menacées d’extinction, et beaucoup pourraient disparaître dans les prochaines décennies. Les espèces dites charismatiques (le lion, l’éléphant, la girafe, le léopard, le panda, le guépard, l’ours polaire, le loup, le gorille) sont souvent des espèces ingénieurs qui façonnent leur environnement, comme l’éléphant qui en abattant des arbres empêche la savane de se transformer en forêt. On parle également d’espèces parapluie : leur préservation protège indirectement toutes les espèces vivant dans le même habitat. Et ces grands mammifères, moins diversifiés, sont plus vulnérables. Leur disparition n’est que la partie émergée de l’iceberg, signe d’un déclin de la biodiversité sans précédent et d’un effondrement des écosystèmes.

Mon travail sur ce qu’on appelle la « sixième extinction » vise à éveiller les consciences sur la vulnérabilité des espèces de notre monde au travers d’un concept photographique centré sur la transmission de l’émotion. Être au plus près de l’animal me permet de capter l’instant magique qui fera la force des images. La bienveillance, l’éveil, la conscience aiguë de l’autre et le respect des espèces non humaines sont des valeurs clés pour observer notre monde.

Alain Ernoult

Alain Ernoult

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