Les ravages de la guerre dans l’Ex-Yougoslavie à travers le regard de cinq photographes :

ALEXANDRA BOULAT / Sipa Press
Depuis près de trois ans, elle a découvert toutes les horreurs de la guerre. Fascination, puis répulsion, elle nous fait partager toutes ses impressions.

ENRICO DAGNINO / Cosmos
La guerre est toujours injuste pour les civils qui doivent tenter de survivre, mais plus encore pour les enfants à qui l’on vole le temps de l’innocence.

CORINNE DUFKA / Reuters
Etre partout où il se passe quelque chose, témoigner du drame au quotidien, résumer toute une situation en une seule image, un exercice très difficile. Mises côte à côte, ces photos isolées montrent pourtant une histoire toute entière.

SOPHIE ELBAZ / Sygma
Les camps de réfugiés en Croatie sont occupés à 90% par des populations musulmanes. Un affront au monde civilisé et à tous ceux qui prétendent y appartenir.

LAURENT VAN DER STOCKT / Gamma
Le siège de la ville de Mostar, l’un des plus meurtriers du conflit. Les habitants vivent dans un insoutenable état de précarité.

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Vers la mi-mai 1991, alors que je parcourais les républiques Yougoslaves pour y faire un reportage que l'on intitulerait en toute innocence "L'éclatement de la Yougoslavie", en Croatie, je me vis interdire l'accès au village de Borovo-Selo par une bande de paysans Serbes. Cagoulés, armés de fusils de chasse, ivres et agressifs, ils étaient postés sur une barricade constituée d'engins agricoles. La route, arrosée d'huile de vidange luisait sous le soleil d'une fin de journée orageuse.

La tempête n'allait éclater que le mois suivant, à la fin Juin. La Slovénie et la Croatie déclaraient leur indépendance. Alors, et durant plusieurs mois, une pluie d'obus s’abattit sur la ville de Vukovar et les campagnes environnantes. Quand tous les villages Croates à majorité Serbes furent enfin dévastés, la communauté internationale ne parlait pas encore de purification ethnique. En Croatie, la tuerie était terminée et le peuple imaginait déjà le pire pour le sort de la Bosnie-Herzégovine. Un rythme implacable allait emballer les combats et battre la mesure des nouvelles alarmantes relayées par tous les médias.

D'un sang épais ma conscience bourdonnait, habitée par les bruits sourds de la guerre, si proche, si présente. Dès lors, en Yougoslavie, jeune photographe naturellement éprise d'une curiosité morbide, j'ai découvert comme par défaut la haine de l'amour et l'amour de la haine.

Alexandra Boulat

Alexandra Boulat

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