Cette exposition sur les Afro-Américains des quartiers sud de Chicago trouve ses origines dans des propos échangés avec mes camarades sur le pont d’un porte-avion au milieu du Pacifique en pleine Deuxième Guerre mondiale: “Nous ne connaissons pas notre ennemi et il ne nous connaît pas. Pourquoi nous battons-nous?”

Je me demandai alors si le fait de mieux nous connaître pouvait modifier le cours des choses. C’est ainsi qu’une fois la guerre terminée, je fis une demande pour bénéficier d’une bourse Guggenheim afin de financer un travail sur les points communs qui unissent les hommes. La présente exposition et le livre qui l’accompagne sont le fruit de ce rêve un peu naïf.

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Mon objectif n'était pas de photographier la population noire, mais de saisir certaines des pulsions que nous partageons tous, quelle que soit notre couleur ou notre culture. Et le fait je sois devenu invisible pour ces gens et qu'ils m'aient donné la possibilité de partager des moments de leur vie fut le plus grand compliment qu'on m'ait jamais fait. Je suis né à Chicago; c'est aussi là que j'ai grandi. J'ai fait mes études à l'Université de l'Illinois, où je réalisai aussi les photos du quotidien et de l'annuaire de la faculté. J'ai ensuite passé un an au Los Angeles Art Center, puis fait partie, sous les ordres d'Edward Steichen, de l'Unité des Photographes de Guerre de la marine américaine pendant la Deuxième Guerre mondiale, passant ainsi quatre ans sur les océans Pacifique, Atlantique et Indien ainsi qu'en Méditerranée.

Après la guerre, j'ai collaboré comme photographe aux magazines Life, Ebony, Colliers, Fortune et Ladies' Homes Journal, tout en continuant à travailler sur mon projet Guggenheim et en enseignant au Chicago Institute of Design. C'était l'âge d'or du photojournalisme, une époque où c'était l'appareil qui racontait l'histoire, où c'était le photographe qui décidait et le journaliste qui portait l'équipement.

J'ai également été co-conservateur de l'exposition (accompagnée d'un livre) "Family of Man", organisée par le Museum of Modern Art de New York, collaborateur occasionnel pour Life Magazine, ainsi que membre, puis président, de l'agence Magnum. J'ai co-réalisé l'ouvrage de puériculture "Baby's First Year" ("La première année de bébé") avec le Dr Benjamin Spock et écrit un livre intitulé "The World Is Young" ("Le monde est jeune"). en outre, je possède et gère une forêt de séquoias en Californie du Nord.

Wayne F. Miller

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