Le 6 janvier 2007. 19 heures. Ma moto glisse sous un camion sur le périphérique à Paris. Le SMUR (Service mobile d’urgence et de réanimation, communément appelé SAMU) arrive. Pendant de longues heures, je reste allongé sur le bitume. Il pleut. C’est la nuit. Je garde en mémoire des lumières, des sons, des sensations, une peur. Ma vie est subitement entre les mains d’inconnus. Ces mains me déshabillent, me palpent, me perfusent et finalement me sauvent. J’ai souhaité mettre des visages sur ces mains anonymes.

Pendant plus d’un an, de septembre 2008 à fin 2009, plusieurs fois par mois, je me suis rendu à l’hôpital de Gonesse pour photographier le travail des équipes du SMUR.

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Le SMUR, c’est l’hôpital qui se déplace. Dans un camion, un médecin, un infirmier, un ou deux pompiers, un externe. Ils prodiguent les mêmes soins que dans une salle des Urgences. À Gonesse, deux véhicules fonctionnent 24 heures sur 24. Ils circulent de Sarcelles à Garges en passant par Villiers-le-bel, Goussainville… Aux grands ensembles succèdent de petits villages de campagne. Dans ces banlieues populaires, toutes les cultures, toutes les religions cohabitent. La plupart du temps, l’accès aux soins se limite aux Urgences de l’hôpital et au 15, le SAMU.

Les hommes et les femmes du SMUR se déplacent dès que la vie d’une personne semble en danger : accident de la route, infarctus, détresse respiratoire, hémorragie cérébrale… Ils doivent réagir vite et prendre des décisions vitales. Souvent ils sauvent des vies. Parfois ils sont impuissants face à la brutalité de la mort. C’est leur métier. Ils le font avec passion et dévouement. Le jour, la nuit, sur le bord d’une route ou dans l’intimité d’une chambre à coucher.

Grégoire Korganow

« J'étais mort », livre aux éditions le clou dans le fer

Grégoire Korganov

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