Depuis 25 ans, muni de son appareil photo, qu’il soit en première ligne d’un conflit au Moyen-Orient ou en Europe ou qu’il sillonne une contrée lointaine du continent africain, Goran Tomasevic photographie les drames et la douleur, mais aussi les moments inattendus où la vie de tous les jours reprend le pas sur le chaos. Ces photos ont été prises au Burundi en mai et en juin, alors que ce petit pays d’Afrique centrale faisait face à la pire crise de son histoire depuis la fin de la guerre civile ethnique en 2005.

Les visages déterminés de manifestants sur fond de barricades en feu ; des policiers brandissant leurs fusils pour disperser des jeunes en colère ; ou encore ce moment incongru où un président accusé de susciter la colère populaire en briguant un troisième mandat décide d’aller taper dans le ballon sur un terrain de football dans une ville enflammée par la violence.

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« Il faut montrer la réalité des manifestations, leur brutalité. Cependant je souhaitais aussi montrer d’autres aspects de la vie », explique Goran. « C’était très différent des endroits où j’avais déjà travaillé. D’habitude, la police antiémeute est mieux équipée, mais pas au Burundi. Et quand les manifestants ont commencé à leur jeter des pierres, les policiers ont sorti leurs armes. »

Goran, un photographe de guerre chevronné de l’agence Reuters, a commencé sa carrière dans sa Serbie natale pour couvrir l’éclatement de la Yougoslavie et les combats qui ont ravagé les Balkans. Il a également couvert des conflits en Israël et dans les zones palestiniennes, en Irak, en Libye, en Afghanistan et en Syrie. Il en a rapporté des clichés emblématiques qui lui ont valu de nombreuses récompenses.

Il connaît bien le type de violence urbaine qui a secoué la capitale burundaise. En 2011, il était au cœur des manifestations massives en Égypte qui ont mené à la chute du président Hosni Moubarak. Mais contrairement au Caire, les affrontements à Bujumbura n’étaient pas concentrés sur une place de la ville ; les heurts éclataient sporadiquement aux quatre coins de la capitale.

« Il était très difficile d’être au bon endroit au bon moment. J’ai sympathisé avec quelques manifestants qui me prévenaient lorsqu’il se passait quelque chose. Nous nous précipitions alors sur les lieux. Il fallait aussi parler aux autorités, à la police. Il y a toujours deux camps lors d’une manifestation.»

Ces mêmes contacts ont permis à Goran de se rendre au stade de Bujumbura pour y prendre des photos exclusives du président Pierre Nkurunziza, grand amateur de football, en plein entraînement. Images qui contrastent étrangement avec le spectacle des rues avoisinantes, où règnent misère, angoisse et colère.

Edmund Blair, Reuters

Les images présentées dans cette exposition ont été réalisées à Bujumbura, Burundi, en mai 2015.

Goran Tomasevic

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