Au cours des cinquante dernières années, la Birmanie est passée du rang du pays le plus riche de l’Asie du Sud-Est à celui du plus pauvre. Les économistes parlent de « malédiction des ressources » : les dirigeants tirent des bénéfices des généreuses ressources naturelles du pays, mais ne les partagent pas. En Birmanie, le revenu annuel moyen par habitant est de 435 dollars US. Un enfant âgé de moins de 5 ans sur trois souffre de malnutrition, et ce dans un pays surnommé jadis « le bol de riz de l’Asie ». La junte militaire impose un joug de fer, usant de la force et de la peur, ainsi que d’un solide réseau d’informateurs. Tout est mis en œuvre pour persuader les citoyens qu’ils sont surveillés dans leurs moindres faits et gestes, que chacune de leurs paroles est entendue.

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La Birmanie est une terre de paradoxes. C’est un pays profondément bouddhiste, où tous les hommes, à un moment ou l’autre de leur vie, entrent au monastère ; en même temps, les voyants y ont une forte influence, les astrologues y sont traités comme des rock stars et les publications proposant des prédictions pour les années à venir se vendent comme des petits pains dans les kiosques. Par ailleurs, si la Birmanie demeure l’un des pays les plus fermés au monde, elle s’efforce aussi de séduire les touristes étrangers, autorisés à visiter les temples et les sites pittoresques. Mais derrière la façade culturelle, le régime répressif est bien vivant, qui a maintenu le leader du mouvement démocratique birman et prix Nobel Aung San Suu Kyi en résidence surveillée pendant quinze ans.

Les Birmans vivent encore dans une version réelle de La Ferme des animaux de George Orwell. Lorsque je me faisais passer pour un touriste afin de prendre ces photos, des ombres me suivaient en permanence. Big Brother a de nombreux petits frères.

Chien-Chi Chang

Chien-Chi Chang

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