Lauréat·e : Visa d'or de la Ville de Perpignan Rémi Ochlik 2008

La photographie documentaire de Munem Wasif pose le regard sur des êtres en marge de la société, mis à l’écart, ignorés, oubliés ou opprimés. Ses sujets vont de la migration au changement climatique, ou à la vie dans les villes.

Munem Wasif s’est penché sur des problèmes graves de son pays natal, le Bangladesh, et les a portés à la connaissance du monde. Ce sont des sujets sensibles, qui exigent qu’on prenne le temps de s’arrêter et de regarder en face des réalités difficiles. La photographie est le miroir de la vie réelle, et il est essentiel que ce que révèle Munem soit vu et montré.

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Réfugiés rohingyas
Les Rohingyas constituent une minorité ethnique musulmane qui vit dans le nord de l’Etat d’Arakan, en Birmanie (Myanmar), près de la frontière du Bangladesh. Privés de leur citoyenneté birmane, les Rohingyas subissent d’indicibles atrocités. Le régime birman restreint leur liberté de mouvement et de mariage, les soumet à différentes formes d’extorsion et de taxation arbitraire, confisque leurs terres, les expulse de chez eux et détruit leurs maisons. Et pourtant, leur lutte pour la survie demeure quasiment inconnue du public. Au Bangladesh, les réfugiés rohingyas croupissent dans des conditions inhumaines, à seize parfois et même davantage, dans une pièce d’à peine plus de 3 m2. Apatrides et considérés comme des immigrés clandestins par le Bangladesh, rejetés par la brutale junte birmane, ils sont prisonniers d’un no man’s land permanent.

Réfugiés climatiques
« Ces dix dernières années, des paysans comme Hatem Ali ont dû démonter et déplacer leurs maisons de fer blanc et de bambou cinq fois pour fuir l’avancée des eaux de l’immense Brahmapoutre à Kurigram. » Ces fleuves sont régulièrement gonflés, au-delà des proportions normales, par des moussons que les chercheurs estiment accrues par le réchauffement de la planète et la fonte massive des glaciers de l’Himalaya. Le Bangladesh, où 140 millions d’habitants s’entassent sur un territoire plus petit que l’Etat du Wisconsin, aux Etats-Unis, est une des premières victimes du changement climatique. Les habitants sont ici à la merci de la nature ; certains vivent avec le souvenir d’avoir laissé échapper la main d’un enfant, emporté par un raz-de-marée provoqué par le cyclone Sidr. Hier d’heureux villageois menant une vie rurale et paisible, ils sont devenus de simples chiffres dans les statistiques, sous l’étiquette de « réfugiés climatiques ».

Réfugiés de la vie moderne
Puran Dhaka, le vieux Dhâkâ, était un sujet improbable pour un photographe, faute d’être jugé « suffisamment important » pour faire l’objet de recherches et de reportages documentaires. Le travail de Munem sur Pukan Dhaka peut être perçu comme une tentative pour montrer des aspects de la vie quotidienne qui passent d’ordinaire inaperçus. Munem a lui-même connu une enfance bercée par les traditions et le mode de vie du vieux monde, dans la petite ville de Comilla, au cœur d’une région principalement rurale. Il en a gardé le goût et le sens des relations qui se construisent et s’affinent au fil du temps, de la vie fondée sur la tradition plutôt que sur des modes. A Puran Dhaka, Munem a renoué avec cette expérience et pris le pouls d’une petite ville qui a su retenir les choses, plutôt que de les laisser disparaître.

Munem Wasif

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