L’Irak est un pays où s’opposent des situations extrêmes. Je me suis rendu dans ce pays au cours de l’été 2000 pour US News and World Report, avec le photographe Ken Jarecke et les reporters Warren Strobel et Kevin Whitelaw.

Nous avons découvert un pays isolé, pansant les blessures laissées par deux guerres dévastatrices, dix ans de sanctions économiques et la dictature imposée par l’indélogeable Saddam Hussein. Pendant notre séjour, nous nous sommes répartis en équipes; Warren et moi-même avons passé une semaine à Bagdad, puis sillonné le Kurdistan irakien, au nord du pays.

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Ayant compté naguère parmi les Etats les plus progressistes du Moyen-Orient, l'Irak a vu son système économique, éducatif et sanitaire s'effondrer. A l'ombre des nombreux et luxueux palais construits par Saddam ("pas de photo", nous disaient nos accompagnateurs officiels pince-sans-rire), la vie quotidienne des Irakiens est devenue intenable.
La devise officielle, le dinar, a été dévaluée à tel point qu'on ne compte plus les billets, on les pèse. Les salaires les plus élevés atteignent en moyenne 20 à 30 dollars par mois, et les familles vendent leurs biens aux enchères la nuit. Chez tous les hommes en âge de travailler qui passent des journées entières dans les maisons de thé du centre-ville de Bagdad, le sentiment de désespoir est omniprésent, palpable.

Le Kurdistan irakien, lui, offre une tout autre image. La vie des Kurdes s'est plutôt améliorée depuis la fin de la guerre du Golfe. Les patrouilles de l'OTAN survolant la zone d'exclusion aérienne ont stoppé les incursions militaires lancées par Saddam Hussein et l'assistance alimentaire et sanitaire dépêchée par les Nations unies ont permis de procurer aux habitants des conditions de vie convenables ainsi qu'une atmosphère plus pacifique. Des activités de contrebande, relativement salutaires, permettent de faire tourner l'économie et d'approvisionner la région en produits modernes à partir de la Turquie, tels que des Playstations de Sony et des paraboles pour TV satellite.

Après ce séjour, nous nous sommes tous retrouvés à Baghdad pour prendre congé de nos guides officiels et payer nos notes d'hôtel avec d'énormes liasses de billets.
Laissant derrière nous un pays qui semblait lentement s'enfoncer dans l'ombre.

David Butow

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