Depuis l’éclatement de l’URSS, beaucoup de choses changent, d’autres disparaissent. Et pourtant, le plus célèbre des camps de pionniers, Artek, est toujours là. Visite d’une institution. Situé en Crimée, sur les bords de la Mer Noire, Artek fut créé en 1925 avec quatre tentes et 80 enfants, survivants des terribles famines des années 20. Au fil des ans, il est devenu un gigantesque centre, dont les bâtiments s’étendent sur des hectares. Artek était le camp de vacances pour les enfants “méritants” d’Union Soviétique : la reconnaissance à laquelle il fallait accéder, de par son travail, ainsi que de par son “attitude politique”, à laquelle seule l’élite pouvait prétendre.

Vitrine de la société communiste, le centre fut l'exemple de ce que l'URSS offrait à ses enfants. Cependant, aujourd'hui, pour accéder à Artek, il faut 400 dollars pour un séjour de trois semaines, l'équivalent de six mois de salaire moyen en Russie. Néanmoins, l'idéologie de base subsiste. Artek accueille également des enfants par le biais de fonds de solidarité ou des sociétés caritatives, ainsi que ceux du personnel d'entreprise. Chaque été, 4500 jeunes viennent séjourner dans ce que le directeur revendique comme "un oasis de communisme dans un océan de chaos". L'ex-prestigieux camp de pionniers - la suprême récompense du jeune soviétique "bien pensant" - vit, aujourd'hui, en pleine schizophrénie, séparé du monde réel par ses murs et une garde discrète ne laissant pénétrer aucun intrus.

Entre les grandes célébrations du passé et les incertitudes actuelles, Artek est resté contre vents et marées le must des centres de vacances. Artek est le dernier endroit où les nouveaux riches de Russie paient en dollars, afin que leur progéniture puisse encore "jouer" à l'Union Soviétique.

Claudine Doury

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