Édito

Mexique, Venezuela, Égypte, Libye, Algérie, Corée du Nord, Chine, Russie, Syrie, Bangladesh, Hongrie ; ces pays – liste malheureusement non exhaustive – sont connus depuis très longtemps pour leurs atteintes diverses à la liberté de la presse. On pourrait y ajouter Malte, ou même encore l’Irlande du Nord. Il y a eu certes quelques rares bonnes nouvelles. Wa Lone et Kyaw Soe Oo, deux journalistes de Reuters qui enquêtaient sur le massacre de dix civils rohingyas, ont bénéficié d’une amnistie présidentielle. Shawkan, en Égypte, est en liberté surveillée. Shahidul Alam au Bangladesh est – pour le moment – libre de ses mouvements. Le nombre de journalistes tués, blessés ou emprisonnés est, chaque année, très impressionnant. Il faudrait les citer tous. À ce jour, depuis le début de l’année, 20 journalistes ont été tués. 341 sont en prison. Les chiffres donnent le vertige. Plus près de nous, on voit des journalistes pris à partie, tabassés par des manifestants ou des forces de l’ordre, sans que cela ne semble émouvoir personne. Se battre pour conserver la protection des sources. Il faudra, un jour ou l’autre, que l’Union européenne et même les Nations unies se mettent enfin d’accord pour définir qui est journaliste ou non. La carte de presse, dont l’attribution varie d’un pays à l’autre, doit faire l’objet d’une uniformisation afin que tous les journalistes aient enfin les mêmes droits, ce qui implique bien évidemment les mêmes devoirs. Mais la tendance actuelle ne va pas dans ce sens. Les politiques – même dans les grandes démocraties, cela pose question – reprochent de plus en plus facilement aux journalistes de faire leur travail, qui les embarrasse si souvent. Le public a de moins en moins confiance dans les médias. Il faudrait tout remettre à plat, s’interroger, afin de regagner cette confiance. Car l’information, le droit d’enquêter en toute liberté et en toute honnêteté, reste l’un des piliers de la démocratie. Cela semble une évidence. Il est tout de même nécessaire de le rappeler. À Perpignan, nous continuons à montrer l’information du monde. Parce que nous y croyons toujours. Plus que jamais.

Jean-François Leroy Paris, juillet 2019