
La chute d'Assad
Salwan Georges
La chute du régime de Bachar al-Assad en décembre 2024 a marqué un tournant historique, mettant fin à plus d’un demi-siècle de domination de la famille Assad qui a commencé avec son père, Hafez al-Assad, en 1970. Cet effondrement est le résultat d’une longue dissidence interne, d’une grave détérioration économique et de l’affaiblissement du soutien extérieur des principaux alliés, à savoir la Russie et l’Iran. En 2024, l’économie syrienne était à genoux après plusieurs années de conflit. Le pays faisait face à une hyperinflation, un chômage dépassant les 50 % et une pauvreté généralisée avec plus de 90 % de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté. Le régime autoritaire d’Assad, tristement célèbre pour ses violations des droits de l’homme, a été gravement affaibli par une guerre civile déclenchée par les soulèvements du Printemps arabe de 2011 et qui a entraîné une crise humanitaire sans précédent. Ce conflit persistant a fait plus de 580 000 morts et près de 13 millions de déplacés (plus de la moitié de la population d’avant la guerre). La guerre a également ravagé les infrastructures des principaux centres urbains, dont Alep, Homs et même Damas.
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Fin 2024, une large coalition de forces d’opposition syriennes, unifiées malgré leurs divergences idéologiques, a lancé une offensive décisive contre Damas. Ne pouvant plus compter sur l’aide militaire de la Russie en raison du conflit en Ukraine et ayant perdu le soutien financier d’un Iran en proie à des difficultés économiques, Assad s’est enfui à Moscou. Son départ précipité a radicalement modifié le paysage géopolitique au Moyen-Orient, affaiblissant considérablement l’influence iranienne au Levant et révélant les limites de la projection de puissance russe confrontée à des défis géopolitiques plus larges. Libérée d’Assad, la Syrie doit à présent relever l’immense défi de la reconstruction et de la réconciliation nationale. Les prochaines étapes consisteront à rebâtir les infrastructures, relancer l’économie, répondre aux besoins humanitaires urgents de millions de personnes et mettre en place des institutions politiques capables de promouvoir une stabilité et une paix durables. La communauté internationale doit quant à elle prendre des décisions cruciales concernant l’aide, le financement de la reconstruction et le soutien à apporter au gouvernement de transition pour guider la Syrie vers son redressement et une prospérité future. Depuis décembre 2024, Salwan Georges, photographe au Washington Post, s’est rendu à plusieurs reprises en Syrie pour témoigner de la situation de ce pays qui se confronte à son passé et fait face à un avenir incertain.