Lauréat·e : Visa d'or de la Ville de Perpignan Rémi Ochlik 2025

L’Irak est confronté à une importante hausse du trafic de stupéfiants. La vente et la distribution sont en augmentation dans les quartiers urbains les plus pauvres et dans les territoires du sud. Face à cette situation, les autorités irakiennes ont mis en œuvre des mesures strictes pour lutter contre leur usage. Les deux principales drogues en cause sont le captagon (fénétylline) et le crystal meth (méthamphétamine). Le captagon est produit en Syrie et, selon les autorités irakiennes, le crystal meth est produit dans des laboratoires en Iran.
La guerre civile qui a éclaté en 2011 a dévasté la Syrie et plongé sa population dans la misère. Le pays s’est rapidement transformé en narco-État, où la production et le trafic de captagon génèrent des milliards de dollars. En 2021 par exemple, le trafic était estimé à 5,7 milliards de dollars (rapport New Lines Institute). Lorsque la Ligue arabe a réintégré la Syrie en mai 2023, le gouvernement al-Assad s’est engagé à réduire le trafic de stupéfiants et la quantité de drogues entrant en Jordanie. Mais cette stratégie n’a eu pour résultat que de rediriger le trafic vers les territoires du Rojava (Kurdistan syrien). Continuellement ciblés et déstabilisés par l’armée turque, ces territoires peinent à contrôler le trafic le long de la frontière entre la Syrie et l’Irak. Et le même phénomène se produit dans le Kurdistan irakien. L’augmentation du nombre d’arrestations liées au captagon en 2023 suggère que les trafiquants utilisent de plus en plus cette région comme une voie de transit.

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Le gouvernement irakien a reconnu que le pays devait lutter contre la dépendance à la méthamphétamine. En 2024, 14 000 personnes ont été arrêtées dans le pays pour des affaires de drogues. Les saisies de méthamphétamine ont été multipliées par six entre 2019 et 2023. Quant au captagon, les saisies auraient triplé entre 2022 et 2023. Selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime, les saisies de drogues, tous produits confondus, étaient 34 fois plus importantes en 2023 qu’en 2019. Le gouvernement irakien et ses partenaires ont souligné la nécessité d’adopter une approche collective pour lutter contre les conséquences socio-économiques du trafic de stupéfiants au Proche et Moyen-Orient.
Lors de la première Conférence internationale de Bagdad sur le contrôle des drogues en mai 2023, le Premier ministre irakien, Mohammed Chia al-Soudani, s’est engagé à mener une « guerre contre les drogues » avec la même détermination que la lutte contre le terrorisme. Grâce au soutien de fondations privées et des pouvoirs publics, de nouveaux centres de désintoxication ont été ouverts. Le mouvement sadriste dirigé par Moqtada al-Sadr a contribué à cet effort en ouvrant un centre à Sadr City : l’Al-Ataa Rehabilitation Center.
Pour Enas Kareem, ancienne enseignante aujourd’hui responsable d’une association qui vient en aide aux toxicomanes, l’une des raisons majeures qui poussent la population vers les drogues de synthèse réside dans la dépression généralisée engendrée par la situation économique et sociale du pays. La plupart des toxicomanes ont besoin d’un accompagnement pharmacologique et psychologique pour s’en sortir. Malheureusement, les précédents gouvernements irakiens n’ont pas voulu s’attaquer au problème du trafic de stupéfiants et ce type de soutien n’est pas encore proposé.

Alfredo Bosco

Avec le soutien du Figaro Magazine.

Alfredo Bosco

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Chloé Sharrock
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