A cinq ans mon père m’a offert un livre qui m’a beaucoup frappée, c’était « Du Tchad au Rhin ». Je me suis beaucoup ennuyée à l’école et un peu chez moi, mais heureusement il y avait à la maison un livre d’Izis et Colette « Le paradis Terrestre » et aussi « Paris des rêves ». Et puis il y avait le Musée du Louvre qui était le seul endroit où je pouvais aller seule, chaque semaine. A 17 ans, je suis entrée dans une école de dessin où j’ai découvert la liberté, les expositions de photos chez Delpire, rue de l’Abbaye et le café « La Palette ». Mes amis, les frères Merlin, sont arrivés à ce moment là dans ma vie. L’un d’eux, Dominique, était cameraman pour un film de Pierre Schöendoerffer « La Section Anderson ». Dès lors, j’avais une seule idée en tête : aller au Vietnam et faire le métier de photographe.

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En 1968, à l’agence Gamma, il y avait un photographe exceptionnel, Gilles Caron, et je voulais absolument faire partie de cette agence, mais pour y entrer il fallait faire ses preuves. Ainsi, je suis partie pour Saigon en septembre 1969. Deux ans plus tard, à mon retour, je rentrais à Gamma (que j'ai quitté depuis). Les reportages se sont enchaînés : le Chili, le Mozambique, la Russie, l’Afrique du Sud, le Tchad où je suis arrivée en 1975, au moment de la prise d’otage de Françoise Claustre. J’ai passé deux ans avec les rebelles du nord du Tchad. Mes enfants sont nés en 1983 et 1987. J’ai commencé à faire des photos de mode et de publicité. En 1993, malgré une vie plus familiale, je suis allée en Bosnie. Ce sera ma dernière guerre. Depuis quatre ans, j’ai trouvé mon idéal : les Woodabés, des gens qui ne se battent pas, qui s’aiment, qui aiment leurs vaches, un peuple que j’admire et dont j’ai décidé de photographier chaque visage.

Marie-Laure de Decker

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