L’histoire des Etats-Unis d’Amérique est celle des relations raciales. Mark Twain, fils d’Amérique et l’un de ses critiques les plus virulents, admiré et acclamé, a consacré sa vie à dénoncer à quel point ses citoyens avaient une perception erronée de leur propre pays. Près d’un siècle après sa mort, la question controversée de la race fait de nouveau la Une aux Etats-Unis.

Le 29 août, le cyclone Katrina a frappé les côtes de la Louisiane et du Mississippi. Selon les médias, le premier jour, La Nouvelle-Orléans avait échappé à la catastrophe : l’œil de la tempête était passé au sud de la ville. Mais les jours suivants, les images ont prouvé le contraire. Le cyclone avait rompu les digues, inondant 80% de la ville, alors que de nombreux résidents s’y trouvaient encore. Certains ont pu atteindre le « Superdôme », d’autres ont campé sur des toits en attendant les secours, et des milliers sont morts noyés. Le chiffre exact n’a jamais été établi.

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Le cyclone a révélé la misère en Louisiane et dans l’Etat du Mississippi, cette pauvreté ignorée de beaucoup. La question restée en suspens est de savoir si la réaction des autorités a été lente parce que les victimes étaient pauvres et afro-américaines… alors que les incendies en Californie ont été circonscrits si rapidement ? Presque trois ans plus tard, certains résidents se sont réinstallés, mais pour la plupart d’entre eux, la vie est difficile. Si l’on peut trouver un emploi à La Nouvelle-Orléans, le logement reste un défi car les loyers ont presque triplé. Les refuges à La Nouvelle-Orléans affichent de nouveau complet et des sans-abris montent des tentes sous les ponts de l’autoroute. Le maire, Ray Nagin, a déclaré que toute personne qui ne quitterait pas ces lieux serait arrêtée par la police. Il va sans dire que la criminalité est à un niveau record.

Au cours des derniers mois, tous les logements sociaux de La Nouvelle-Orléans ont été démolis ; ces appartements, où habitaient des milliers de familles avant le cyclone, étaient pour la plupart en bon état. Mais, avant la catastrophe, un projet de démolition existait déjà en raison de la criminalité qui sévit dans ces quartiers ; Katrina n’a été qu’un prétexte pour le mettre en œuvre. Aucun plan d’avenir n’existe pour la plupart de ces cités détruites.

De même, les terrains pour caravanes en zone urbaine et péri-urbaine vont être fermés, laissant des milliers de personnes dans la rue. Ces dernières reçoivent un coupon qui ne constitue aucune garantie de logement, mais leur donne tout simplement le droit de régler un loyer.

Pour les réfugiés, par exemple à Houston, la vie est très difficile. Quelques 70 000 rescapés de Katrina y vivent toujours, et si la ville les a accueillis de manière généreuse, l’aide s’est tarie. Il leur faut à présent payer leur loyer au prix du marché et les réfugiés sont, pour la plupart, sans emploi. La criminalité ne cesse d'augmenter ; la municipalité de Houston construit actuellement, au centre-ville, un nouveau centre de détention pour mineurs.

Kadir van Lohuizen

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