Alexander Joe nous invite à redécouvrir une large tranche de 15 ans d’histoire de près d’un tiers du territoire africain allant de Djibouti au Cap.

Fasciné par la beauté des femmes, Alexander envisage tout d’abord de devenir photographe de mode, mais il entre très vite dans le cercle du photo-journalisme en couvrant le conflit Rhodésien, passionné par la cause noire dans ce pays.

Ce n’est qu’au moment où la violence éclate dans les guettos noirs, que la presse rhodésienne fait appel à lui, les photographes blancs ayant renoncé à y pénétrer.

Alexander Joe est l’inlassable témoin de guerres, de famines mais aussi de changement radicaux qui s’opèrent dans cette région du monde. Photographe d’agence télégraphique, il a pour impératif de transmettre ses images en urgence. Il ploie sous la charge de son équipement de développement et de transmission (atteignant bien souvent plus de 100 kg) et ressent parfois la frustration de ne pas pouvoir s’attarder.

Quelques fois même, il culpabilise comme pour cet enfant du camp des Wagons au Mozambique qu’il a laissé endormi sous un train « je me suis souvent demandé s’il avait survécu durant cet exode…»

Tenu de transmettre la synthèse des événements qu’il relate, il s’attache également à observer les populations qui l’entourent. Il s’efforce de garder leur dignité aux plus démunis en ne tombant jamais dans l’outrance, comme cette mère soudanaise qui pose avec noblesse, après que sa maison ait été brûlée par des membres de l’APLS (Armée Populaire de Libération du Soudan).

Les photos qu’il nous fait partager traduisent souvent son émotion et sa tendresse pour ce continent et ceux qui luttent contre tous les fléaux et l’absurdité des hommes qui se déchirent . Le génocide rwandais représente à la fois l’horreur et une menace pour Alexander. Ses confrères blancs, pour qui tous les noirs se ressemblent, le mettent en garde contre le danger d’être pris pour cible par les Hutus ou les Tutsis. La couverture du massacre du camp de Kibeho donne une dimension pudique à cette horreur : 5000 réfugiés rwandais, selon l’ONU, ont été abattus et piétinés.

La famine récurrente dans cette partie du monde est un autre volet du travail d’Alexander Joe. En Ethiopie, il a vu le regard d’enfants qui « allaient mourir », en Somalie en 1992, il témoigne de scènes où survivants et victimes se côtoient et où chaque jour une dizaine d’enfants meurent. Et cette terrible image d’un enfant malgache victime de la famine…

Alexander Joe

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