Au cœur de la région des Grands Lacs, au milieu du chaos qui dévasta le Rwanda, le Burundi et l’est du Congo, où des centaines de milliers de personnes furent tuées par la violence, où des centaines de milliers d’autres ont dû fuir pour essayer de survivre dans les plus grands camps de réfugiés d’Afrique, où des dizaines de milliers de personnes remplirent les prisons, où des centaines de milliers de vies furent détruites par la misère et le sida, dans ces ténèbres qu’on craignait sans fin, une femme burundaise, Marguerite Barankitse, dite Maggy, a apporté une lumière d’espoir : en créant un avenir pour des milliers d’orphelins de la guerre et du sida. Il y a quinze ans, Maggy échappa aux machettes des Hutus. Il y a dix ans, pendant la guerre civile, elle risquait quotidiennement sa peau pour sauver des enfants dont les parents avaient été assassinés à cause de leur appartenance ethnique. Aujourd’hui enfin, c’est toute une société, voire un monde, que Marguerite Barankitse continue à bâtir autour des plus de 10 000 orphelins qu’elle a recueillis.

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Cette princesse tutsi, fervente croyante catholique, a appris à « ses » enfants orphelins hutu, tutsi et twa à vivre ensemble. Pour qui rêve à un renouveau du Burundi, la réconciliation, surtout entre victimes et bourreaux, reste la condition sine qua non. Pour cela, Maggy a toujours enseigné aux enfants la nécessité du pardon et la capacité d’y parvenir malgré l’atrocité de leurs souvenirs personnels. Cette grande bâtisseuse a construit - entre autres - 550 maisons pour accueillir et abriter des « familles » composées d’orphelins, un hôpital qui passe pour être l’un des meilleurs de toute l’Afrique, une salle de cinéma, des fermes installées sur les terres qui constituaient l’héritage familial de Maggy. Pour Marguerite Barankitse, que ses ennemis traitent de « folle », la vie et l’espoir seront toujours plus forts que tout. « La haine, promet-elle, n’aura pas le dernier mot au Burundi. »

Pascal Maitre

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