Un spectacle à visage humain
David Strick
Redux
Hollywood est couvert en permanence par des photographes, mais rarement découvert. Les photographes sont présents sur les plateaux de tournage depuis le début de l’histoire du cinéma, mais en général ils sont un des bras de l’appareil publicitaire et non des observateurs critiques indépendants. Cent treize ans après l’invention de la première caméra cinématographique, on pourrait remplir des bibliothèques entières de théories du cinéma et critiques télévisées, et des entrepôts de magazines dédiés aux admirateurs, de programmes de télévision consacrés aux tournages de films et de films consacrés à la télévision. En revanche la photographie, en dépit de sa place privilégiée au cœur de cet univers, n’a quasiment rien apporté de pertinent à notre connaissance de ce milieu. On pourrait trouver déplacé que la photographie documentaire, branche la plus sérieuse de ce métier, se penche sur un thème en apparence aussi frivole que la culture médiatique.
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Or, faute d’avoir fait cet effort, elle a, de fait, laissé une partie importante de notre histoire culturelle et sociale dans les mains certainement moins bienveillantes des publicitaires, chroniqueurs et admirateurs. Avec pour résultat une totale absence de la partie réelle de cet univers incroyablement irréel. En un sens, ce résultat est peut-être poétiquement parfait puisque personne ne peut affirmer que la réalité, et encore moins la réalité de Hollywood, est facilement définissable.
Mais les spectacles filmés pour le cinéma ou la télévision dominent à tel point notre société sur le plan culturel qu’on ne peut s’empêcher de penser qu’ils méritent d’être représentés autrement que par les échos de leur propre promotion. Tout comme on dit souvent que la guerre est trop grave pour être laissée aux généraux, Hollywood a trop d’influence pour être livré aux publicitaires. Avec plus d’un siècle à rattraper, les photos que j’ai prises sur les plateaux de grands et de petits films, de clips vidéo, de films érotiques et de télévision, arrivent peut-être trop tard pour être considérées comme autre chose qu’une simple irruption momentanée dans la conversation de quelqu’un d’autre. Néanmoins, à ce stade, même une interruption de ce type peut s’avérer utile.
J’espère donc que vous me permettrez de poursuivre mon irruption.
