L’Enfant terrible de la Photographie
Cette sélection ne reflète qu’une infime partie du parcours photographique de Dityvon. Une courte aventure vécue au milieu des années 1970 mais qui révèle un regard responsable sur la réalité. Loin d’être le moyen d’un scoop, sa photographie parvient à atteindre les profondeurs de l’existence quotidienne et à montrer que l’ordinaire contient du merveilleux. On y trouve déjà les préoccupations d’un homme en constante réflexion sur le sens de la vie. Faite de doutes et d’incertitudes, sa quête existentialiste et sa détermination artistique, le mènent vers l’impalpable, l’indicible. La photographie de Dityvon, tout comme la poésie, est un langage parallèle, un moyen d’expression avec ses propres règles grammaticales, grâce auquel il entreprend une introspection, qui l’éloigne du sujet, devenu prétexte.

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Fort de ses références esthétiques, historiques, musicales, ou littéraires, Dityvon s’adonne à l’improvisation souple mais mesurée, à l’instar des musiciens de jazz. Cette improvisation de l’imprévu requiert une disponibilité accrue et une richesse imaginaire extraordinaire. De fait, peu importe le sujet. La composition dramatique, l’opposition des zones d’ombre et de lumière, le choix des perspectives, le moment choisi forment une image où les gestes et les regards, les lignes et les formes se répondent. L’esthétisme, chez Dityvon, se définit par la force de ses compositions, par un traitement rigoriste de l’espace, par une harmonie entre les éléments, dont résulte une chorégraphie organisée, primordiale et essentielle dans ses photographies. Dans les Pyrénées, il saisit les danses cabotines de jeunes enfants. Sur un chalutier, il surprend un corps en lévitation. Il orchestre le ballet des balais, sous un ciel plombé. Rien ne l’arrête. « Dans le corps, il y a tout le langage des significations de ce qu’est l’homme. Sa gaucherie, sa légèreté, sa lourdeur, son volontarisme. On apprend beaucoup de l’homme quand on sait regarder son corps. » Dityvon ne se contente pas de photographier ce qu’il voit, il y ajoute ses inspirations, ses humeurs, ses colères, ses passions. Dityvon ne cesse de chercher, de méditer, d’avancer. Il atteint une maturité indomptée, indomptable, une insolence enfantine. Chacune de ses images est un pied-de-nez à la photographie dite conceptuelle. Il s’amuse, souffre, s’interroge, se décourage, repart à l’assaut, toujours plus inspiré.

Vanessa Ortola. Auteur du mémoire, Dityvon, Photographe de l’ombre, Paris, 2000.

Claude Dityvon

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