Un monde dans la tourmente
Paula Bronstein
Getty Images
Visionnez la rencontre avec Paula Bronstein, modérée par Vincent Jolly https://cloud.imagesevidence.com/index.php/s/a5PB5g5aFNpRWJP
Les 55 images de cette exposition offrent un regard rétrospectif sur près de trois décennies de travail. J’espère être parvenue à allier une dureté nécessaire à une compulsion humanitaire à observer des situations difficiles. Pendant la plus grande partie de ma carrière, j’ai cherché à saisir les caractéristiques et les effets qui entourent la guerre, les conflits politiques, les injustices sociales et les urgences humanitaires. Il est important de pouvoir apporter un témoignage sans être trop cru ni chercher à exploiter la situation, de proposer une impression visuelle forte et de susciter l’empathie. Je m’efforce toujours de donner une voix visuelle aux personnes souvent laissées pour compte.
Ayant travaillé pour plusieurs journaux américains pendant une quinzaine d’années, j’ai souvent fait des reportages d’actualité. En 1998, je me suis installée en Asie du Sud-Est pour donner une dimension internationale à mon travail, et cette rétrospective commence par ce changement. J’ai beaucoup voyagé à travers l’Asie, travaillant pour des agences photo comme Gamma Liaison et Getty Images Newswire pendant près de douze ans. J’ai commencé à comprendre l’utilité de revenir, d’aller plus loin dans une histoire. Notamment, je me suis concentrée sur l’Afghanistan de 2001 à 2022, période durant laquelle j’ai suivi les Afghans qui vivaient au cœur d’une guerre violente et interminable et de la brutale insurrection des talibans. En 2016, une sélection de mon travail a été publiée dans le livre photo primé, Afghanistan: Between Hope and Fear.
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Le 24 février 2022, lorsque la Russie a envahi l’Ukraine, j’étais en mission en Afghanistan pour The Wall Street Journal. Ma mission touchant à sa fin, mon regard s’est tourné vers l’Ukraine. La guerre était de retour en Europe pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, et je devais y aller. Je retourne en Ukraine aussi souvent que possible, attirée par la force et la résilience du peuple ukrainien, sa volonté de survivre et de préserver son humanité. J’ai été témoin de toute la souffrance et la douleur de la guerre, ainsi que de ses ravages sur la vie des habitants. C’est une vision déchirante, mais il est important de couvrir ces situations, en particulier à une époque où le monde est de plus en plus indifférent envers les victimes des conflits.
En tant que photojournaliste chevronnée, mon âge a peu d’importance. Ce qui compte vraiment, c’est ma passion pour mon travail, mon énergie et ma capacité physique à le faire. Je ne suis pas prête à ranger mon appareil photo. Je reste curieuse et fière de montrer ce qui peut l’être. La photographie, c’est explorer avec ses yeux. Cela tombe bien : à 70 ans, je n’ai même pas besoin de lunettes !
Paula Bronstein