« The Dreadful Details », réflexion sur l’image et la guerre, est issue d’une commande du Centre National des Art Plastiques dans le cadre de Visa pour l’Image-Perpignan. Le titre de ce grand diptyque est tiré de l’introduction du livre d’Alexander Gardner et Timothy O’Sullivan sur la guerre civile américaine. Pionniers du reportage, ils révélèrent l’envers du décor héroïque de la guerre en usant de la photographie pour décrire ses redoutables détails, publiant les toutes premières images de champs de bataille jonchés de cadavres. Avec ce livre, qui est autant un cri du cœur qu’un témoignage, Gardner et O’Sullivan reprenaient le flambeau d’artistes comme Jacques Callot ou Goya, et ouvraient la voie à d’autres photographes qui se font un devoir de dénoncer les horreurs de la guerre.

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« The Dreadful Details » retrace une lecture possible de l’histoire des représentations de la guerre par l’image, à travers une scène de carnage en Irak dans l’instant qui suit un attentat et au moment de l’intervention de Marines américains sur les lieux. C’est une scène à la fois angoissante et sereine, un interstice entre deux moments de violence. Mais la démarche de l’artiste interroge la nature de « l’image d’Histoire » à l’ère contemporaine, car Eric Baudelaire ne prend pas comme matière photographique l’événement lui-même, puisqu’il ne s’est pas rendu sur les lieux de l’Histoire, en l’occurrence l’Irak. C’est dans l’univers des histoires (avec un petit « h ») qu’il a travaillé, puisant sa matière dans l’industrie du simulacre : Hollywood. « The Dreadful Details » a été orchestré à Los Angeles avec des figurants professionnels recrutés via l’agence de casting « Middle East in Hollywood », entre deux tournages, sur un décor de télévision servant à une multitude de séries censées se dérouler en Irak ou au Moyen Orient.

Commande du Centre National des Arts Plastiques - Ministère de la Culture et de la Communication.

Éric Baudelaire

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