Palmyre, Alep, la Ghouta Orientale ; c’est au cours de cinq reportages effectués pour Paris Match en Syrie entre mars 2016 et mars 2018 que j’ai pris ces photos. Elles sont pour moi le témoignage direct et sans filtre des combats titanesques qu’a connus ce coin du monde. La détermination, la souffrance, la fragilité se lisent sur les visages de ceux qui vivent dans ces ruines, qui y survivent plutôt. Déjà sept années de cauchemar pour tous les Syriens, et la guerre n’est pas terminée. Elle laissera derrière elle un immense champ de ruines, un pays exsangue et une population profondément traumatisée pendant de longues décennies.
Précision importante, aucune de ces images n’a été « validée » par ceux qui m’accompagnaient lors de ces reportages, en particulier le représentant du ministère de l’Information. Personne n’a fouillé mon disque dur ni ne m’a demandé de ne pas diffuser telle ou telle image. Il est exact qu’on ne peut pas tout photographier en Syrie, mais cela n’est pas toujours possible non plus sur d’autres théâtres d’opérations, ou avec d’autres armées, française, britannique, américaine ou russe.

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Les contraintes n’étaient pas différentes de celles auxquelles j’ai dû me plier en Irak, en Afghanistan, au Mali ou, autrefois, en Bosnie ou en Tchétchénie. Les militaires détestent en général être photographiés, surtout aux checkpoints. Pouvoir faire ou non une photo tient parfois à une remarque échangée, une attitude, une circonstance comme une cigarette partagée. Le combattant est tantôt très fier de se montrer, tantôt réticent à la présence d’un objectif. Certaines fois, il veut tout vous cacher. À d’autres, il vous montre tout, même ses pires méfaits… Si vous regardez bien les combattants, vous constaterez un trait qui m’a toujours fasciné, c’est que plus un conflit dure, plus les belligérants se ressemblent, même les plus farouchement opposés, comme à la Ghouta entre les soldats loyalistes et les rebelles. Quel que soit le conflit, et quel que soit le côté de la guerre que je couvre, je tente de traduire par l’image le plus exactement possible la réalité de ce qui se déroule devant mes yeux, dans un souci sincère et inaltérable d’honnêteté journalistique.

Noël Quidu

Noël Quidu

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