Soweto, ou Southwestern Townships, la première banlieue destinée aux Noirs, fut créée il y a plus de cent ans aux abords de Johannesburg, en Afrique du Sud. Loin des emplois et des habitations, les townships étaient constituées de cabanes et de baraques en tôle ondulée. Au cours des décennies suivantes, de plus en plus de personnes furent déplacées dans cette région qui devint la banlieue la plus étendue du pays. Aujourd’hui, Soweto compte trente-deux townships et officiellement sa population avoisine le million, bien que certains l’estiment plus proche de 2 à 3 millions. C’est en 1976 que se répandirent à travers le monde les nouvelles de violentes manifestations estudiantines : au mois de juin de la même année, des écoliers de la township se révoltèrent contre l’afrikaans, langue imposée à l’école. Espérant réprimer ces manifestations, le régime sud-africain riposta par des tirs sur des groupes d’écoliers en uniformes. Le 16 juin 1976, la police abattait Hector Pieterson, 12 ans. Prise par Sam Nzima, un photographe noir local, la photo, image emblématique montrant un adolescent en train de transporter le petit blessé accompagné de sa sœur, qui témoigne de la brutalité de la police et du régime sud-africain, et sera diffusée à travers le monde. Ces incidents déclenchèrent un sursaut de la résistance noire ; de nombreux événements importants ont eu lieu au cœur de la township, notamment à Soweto où vivaient beaucoup des principaux leaders de la lutte et à partir de laquelle ils opéraient.

pettersson_soweto_064.jpg
pettersson_soweto_009.jpg
pettersson_soweto_038.jpg
pettersson_soweto_006.jpg

De nos jours, Soweto est vue par beaucoup comme un modèle d’espoir pour l’Afrique du Sud et non plus comme un lieu de malheur et de malédiction. Bien sûr, la ville connaît des problèmes, en particulier un niveau élevé de pauvreté, de chômage et de criminalité, mais des changements positifs commencent à se faire jour. On a beaucoup investi à Soweto ces dernières années et sa population peut à présent profiter des services que lui procurent centres commerciaux modernes, banques, restaurants et cafés branchés, si bien que certains résidents préfèrent désormais rester sur place pour y dépenser leur argent. La plupart travaillent à Johannesburg, mais ne sont plus obligés d’aller y faire leurs courses en taxis minibus. De plus en plus de gens possèdent une voiture et font leurs achats dans leur quartier. A Soweto, la mode, l’art, et différents styles de musique et de façons de parler font florès. Soweto voit également se développer une urbanisation galopante, la moindre maison en vente attire plusieurs acheteurs potentiels et se vend généralement dans les jours qui suivent. En outre l’économie sud-africaine, plus florissante que jamais, offre des perspectives positives à sa population. Beaucoup de taudis ont été rasés et des milliers de pavillons subventionnés par le gouvernement ont été construits. Dans les années 1990, beaucoup de Noirs aisés ont quitté leur township pour s’installer dans les riches banlieues nord, traditionnellement blanches, et vivent à présent dans des propriétés entourées de hauts murs, équipées de systèmes d’alarme, connaissant à peine le nom de leurs voisins. Pour beaucoup, l’adaptation s’est faite difficilement et l’augmentation du taux de criminalité, des cambriolages et des détournements de voitures qui se multiplient dans les quartiers aisés, accentue le phénomène Ils sont nombreux à regretter l’animation des townships qu’ils regagnent souvent à l’occasion d’un week-end, de réunions de famille et d’enterrements, ou tout simplement pour faire nettoyer leur BMW flambant neuve à la station de lavage en buvant quelques bières en compagnie de leurs amis d’enfance. Certains souhaiteraient revenir s’installer dans le « New Soweto », où appartements de luxe et maisons de ville sont construites, outre qu’un certain nombre de bars à la mode et de clubs se sont ouverts. La township est également devenue une destination touristique où les étrangers visitent les sites historiques : la maison de Nelson Mandela (devenue musée) et le monument élevé à la mémoire d’Hector Pieterson et son musée ; ils se rendent chez les habitants, et vont savourer la cuisine traditionnelle dans l’un ou l’autre des nombreux restaurants ; certains préfèrent faire la tournée des bars en nocturne et il existe pléthore de chambres d’hôtes pour ceux qui souhaitent passer la nuit à Soweto.

Per-Anders Pettterson

Per-Anders Pettersson

pettersson.jpg
Suivre sur
Voir les archives