Il y a 11 ans, aux confins de la République de Moldavie, à la frontière ukrainienne, est né un nouveau pays : la Transnistrie. Une naissance douloureuse, puisque quelques milliers de morts sont tombés durant la guerre de sécession avec la Moldavie entre 1991 et 1992. L’armée russe “pacificatrice” est arrivée en 1992, et est toujours en poste sur le territoire transnistrien.

La Transnistrie produit 80% de la production industrielle de toute la Moldavie, si bien que Moscou l’a déclarée “zone d’intérêt stratégique particulière”. Sous la pression de l’OSCE, l’armée russe a entrepris l’évacuation des munitions non utilisables.

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Non reconnue sur le plan international, la république de Transnistrie se trouve dans l’espace de l’ex-URSS dont elle a gardé les réflexes comme on garde des pièces dans un musée. Guerre, pauvreté, misère : si ces mots semblent banals, ils doivent pourtant se prononcer à voix basse. La Transnistrie est un pays dans lequel vivent les victimes d’un terrorisme discret, le totalitarisme.

Les statues de Lénine semblent veiller sur les trafics de toutes sortes. Le monopole d’État sur l’économie s’étend à un monopole d’État sur la pensée. Les droits de l’homme ne sont pas respectés. On apprend aux minorités que les Russes sont des "hommes modernes". La guerre ethnique est devenue une guerre culturelle, l’alphabet cyrillique a été imposé. Les enfants continuent de dessiner tanks et portraits de Lénine.

Magritte a peint un tableau représentant une pipe et intitulé "Ceci n est pas une pipe". Le tableau de la Transnistrie pourrait s’intituler "Ceci n'est pas une dictature". La réalité peut être parfois surréaliste.
Julien Goldstein

Cette exposition est une commande du Centre National des Arts Plastiques

Julien Goldstein

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