Sans eau, nous mourrons
Giles Clarke
OCHA / The New York Times
Après cinq saisons consécutives de pluies déficitaires en Somalie, la population rurale fait face à une sécheresse mortelle sans précédent, souvent dans des régions encore marquées par trente années de violences de militants extrémistes.
Plusieurs décennies de sécheresse intermittente, de conflits et d’instabilité politique ont rendu le pays dangereusement dépendant des importations de céréales, avec plus de 90 % du blé provenant de Russie et d’Ukraine. Depuis mars 2022, les cours des céréales et du carburant atteignent des niveaux record, mettant à mal une économie déjà fragile.
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Rien qu’en 2022, plus de 1,4 million de Somaliens ont dû quitter les régions les plus touchées par la sécheresse pour s’installer dans des camps de déplacés surpeuplés dans l’espoir d’y trouver de l’eau, de l’aide humanitaire et la sécurité. Beaucoup sont des femmes et des enfants qui pendant des jours et des jours ont traversé terres brûlées et zones contrôlées par des militants pour commencer une nouvelle vie dans des abris de fortune. Selon les estimations de l’ONU, près de quatre millions d’animaux d’élevage ont péri, privant ainsi plusieurs millions de personnes de leur moyen de subsistance.
Les projections météorologiques à long terme sont encore plus alarmantes, avec des précipitations en dessous de la moyenne pour toute l’année 2023. Dans les régions du centre, cette dernière sécheresse a des conséquences d’une ampleur historique. Selon les calculs à la mi-2023 alors que le pays est confronté à une famine imminente, plus de 8 millions de personnes, soit près de la moitié de la population, se trouvent dans une situation de grave insécurité alimentaire, et 1,8 million d’enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition aiguë.
Giles Clarke