Lauréate du Prix Canon de la Femme photojournaliste 2011

« À l’exception des aborigènes d’Australie, le Noir africain est le membre le plus sous-développé et barbare de l’espèce humaine sur terre. »

  • Colonel Franz Jooste, chef du Kommandokorps, Afrique du Sud.

Un groupe d’extrême droite apprend à de jeunes Sud-Africains blancs à rejeter la vision d’une nation arc-en-ciel multiculturelle défendue par Nelson Mandela. Le Kommandokorps, un groupuscule extrémiste dirigé par un ancien commandant de l’apartheid, Franz Jooste, organise des colonies de vacances pour adolescents afrikaners, la plupart d’origine néerlandaise ou allemande. Jooste leur enseigne l’art de l’auto-défense. Il leur assène qu’ils sont avant tout Afrikaners, que les Sud-Africains noirs sont leurs ennemis, et les appelle à renier leur identité sud-africaine.

Le Kommandokorps se nourrit du sentiment d’insécurité. Malgré la baisse du taux de criminalité, l’Afrique du Sud sombre toujours plus loin dans la crainte. Chaque jour, on compte quelque cinquante meurtres et plus de deux cent mille agressions de type coups et blessures volontaires. Un climat de violence qui permet à la peur de prendre racine.

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Dans un tel environnement, les exploitants agricoles se constituent en milices pour faire des rondes de nuit et empêcher le vol de leur bétail, les habitants des zones urbaines forment des groupes de surveillance du voisinage, et tout Sud-Africain (noir ou blanc) qui en a les moyens engage une entreprise de sécurité privée, laquelle envoie des gardes armés au domicile dès que l’alarme se déclenche. Autant de facteurs qui font de ce pays un terreau fertile pour une organisation telle que le Kommandokorps.

À la fin de cette formation martiale de neuf jours, ces jeunes retournent à la maison et à l’école, où ils devront partager la salle de classe avec des camarades noirs. La vie quotidienne reprend son cours, mais la peur et la haine se sont immiscées dans leur monde. Leurs parents aussi semblent avoir du mal à trouver leur place dans cette « nouvelle » Afrique du Sud.

Les enfants nés après la chute du régime d’apartheid il y a 18 ans grandissent dans une Afrique du Sud moderne, une nation arc-en-ciel. Ils font partie de « la génération née libre ». Mais en l’espace de seulement neuf jours, ces jeunes qui auraient pu croire en l’unité sud-africaine se sont transformés en hommes endurcis aux idées racistes.

Ilvy Njiokiktjien

Ilvy Njiokiktjien

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