Sam Abell est né le 19 février 1945 à Sylvania, dans l’Ohio, l’une des régions les plus plates d’Amérique du Nord. Dans ce paysage fait d’horizons ininterrompus, tout ce qui constituait le moindre relief pouvait laisser une impression durable. Devenu adulte, Abell a toujours conservé en lui cette sensibilité créée par le contact avec les espaces plats du Middle West américain, réalisant des photographies recelant des détails et des relations qui en général ne retiennent jamais notre attention : comment un tronc d’arbre au sol peut rappeler la forme d’une colline au loin, comment une route ou la proue d’un canoë ou un simple piéton sur une place peuvent nous attirer vers une ligne d’horizon omniprésente et un point de fuite, point de convergence de toutes les possibilités.

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En 1967, Abell devient stagiaire au National Geographic, stage qui marqua le début d'une collaboration trentenaire avec la National Geographic Society. Grâce aux photographies réalisées pour les livres et les magazines publiés par l'Association, Abell put travailler sur le terrain plusieurs mois, voire plusieurs années de suite. C'est en majeure partie grâce à cette autonomie qu'il put développer et approfondir les thèmes artistiques qui l'intéressent depuis toujours.

Bien qu'il soit photographe documentaire, les thèmes explorés par Abell ont une grande part de spiritualité. Depuis plus de trente ans, il photographie la quintessence de l'espace et du temps, reliant l'intime à l'infini. Il associe l'instant fugace au sentiment d'éternité. Il mène une réflexion sur la mortalité. Ses compositions soigneuses, résultant de la juxtaposition de plusieurs strates incongrues, présentent un monde fascinant et silencieux : une plaque de neige isolée dans un paysage où le reste a fondu, des peaux de phoque dans les cales d'un navire, une enseigne au néon, une flaque d'eau au sol, un enfant endormi sur un divan, une vieille photo dans un bâtiment en ruines… Chacune de ses images est inattendue, ambiguë, impossible à comprendre dans sa totalité.

Bien qu’il s’agisse de photographies documentaires fidèles, elles n’en sont pas moins ambiguës. Abell relate l’existence physique banale, mais laisse entrevoir d’autres possibilités. C’est cette quête permanente de l’autre vie qui se cache derrière ses sujets qui caractérise le travail de ce photographe.

Sam Abell

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