Pour moi, la photographie est une vocation; je suis tombé dedans étant petit. Je viens d’une famille de photographes de presse dont les carrières se sont étendues sur quarante ans, qui ont connu l’époque des plaques de verre et de la photopoudre, jusqu’aux premières Leica 35mm. Mon père avait réalisé des portraits de personnages illustres tels que Babe Ruth, Lou Gherig, Al Capone et Judy Garland. J’étais ému par la magie de son métier … la découverte, les voyages.

J’ai commencé ma carrière professionnelle au Milwaukee Journal pendant l’âge d’or de la photo, une époque inégalée du point de vue de la technique, de la couleur, des premières expériences avec les flashes électroniques et des essais avec des sources de lumière multiples.

Les photographes Frank et Joe Scherschel, Ilowie Socherek, Tom Abercrombie et Bob Gilka, directeur du service photo, avaient déjà rejoint les magazines Life et National Geographic. Mais une nouvelle génération de photographes talentueux et dynamiques dont j’avais beaucoup leur avait succédé.

Je ne pouvais pas souhaiter meilleur endroit pour faire mes premières armes. Je me souviens du conseil de mon père : “Ne reste pas plus de cinq ans au journal, apprends un maximum, surtout la couleur, et si tu vaux quelque chose, commence à travailler pour un magazine”. Je suis resté cinq ans et onze jours. Après avoir rejoint National Geographic en 1965, je me suis rendu compte que je ne connaissais rien à la technique, malgré mon trop-plein d’enthousiasme et d’énergie. J’avais beaucoup de progrès à faire sur le plan de la pensée photographique, de la critique artistique, de l’approche intellectuelle du métier.

Dans le cadre d’un reportage mondial sur l’or, j’avais été impressionné par la démarche de Peter White, journaliste chargé de la rédaction des articles pour National Geographic. Il avait réussi à s’introduire discrètement dans la vie de ses sujets, d’ouvrir, sans les forcer, des portes closes sans jamais se faire remarquer. Le travail de Peter m’a beaucoup influencé : grâce à lui, j’ai commencé à me rapprocher de mes sujets.

Entrer comme photographe au National Geographic vous force à évoluer. Tous les collaborateurs sont bourrés de talent, la concurrence est vive et est fortement appréciée. Personnellement, je trouve qu’il est difficile de jouer les ambassadeurs du magazine, car c’est une maîtresse exigeante. On découvre la solitude, les déchirures et le danger, auxquels s’ajoutent néanmoins l’honneur, la fierté et le respect.

“Eye of Beholder” retrace ma carrière et rend hommage à ceux qui ont contribué à former mon regard. Cette exposition est le fruit d’une multitude d’aventures; elle montre des visages qui sont le reflet d’un monde que j’ai eu la chance de découvrir.

Pour moi, c’est une belle récompense.

James L.Stanfield

James Stanfield

portrait_stanfield.jpg
Voir les archives