Qu’est-ce que la beauté? Pourquoi sommes-nous tant obsédés par elle? Les scientifiques évolutionnistes pensent que la reconnaissance de la beauté constitue un moyen inné et universel, remontant à la nuit des temps, d’assurer la survie de l’espèce. Selon eux, la beauté sert à mettre en avant la valeur d’un individu en tant que partenaire, la qualité de ses propres gènes. D’aucuns ne sont pas d’accord avec cette définition de la beauté, mais tous reconnaissent la beauté lorsqu’ils la rencontrent. Emerson a dit : “La beauté est l’écriture de Dieu”. Malheureusement, et c’est ce qui chiffonne les gens, la beauté ne connaît pas l’équité.

Des études ont montré que non seulement les hommes et les femmes séduisants jouissent de plus d’attention de la part du sexe opposé, mais ils reçoivent également plus d’affection de la part de leur mère, un salaire plus important, plus de voix lors d’une élection, et plus de clémence de la part des magistrats. Ils sont aussi considérés comme plus gentils, plus compétents, en meilleure santé, et plus intelligents que leurs homologues au faciès quelconque. Voilà qui est injuste !

Les canons de la beauté sont étonnement universels. Toutes les cultures attachent de l’importance à la symétrie, au grain de peau, à la chevelure abondante et brillante, qui sont autant de signes de jeunesse, de vigueur et de fertilité. Nous privilégions tous ces critères faciaux et corporels. Chez la femme, les hommes aiment les grands yeux, les lèvres pulpeuses et le menton petit ; chez l’homme, les femmes aiment le physique musclé, les sourcils marqués et le menton décidé.

Mais l’apparence physique compte plus pour la femme que pour l’homme. Les hommes ne pensent qu’au court terme : la procréation. Mais les femmes, depuis la nuit des temps, ont toujours agi en fonction du long terme : qui va rester à mes côtés pour m’aider à m’occuper de la famille ? Entrent alors en jeu des considérations telles que l’intelligence, la gentillesse, le statut social et l’argent. Mais ce reportage parle de beauté. D’apparences, de séduction. De la beauté extérieure et non intérieure. Mon travail se propose d’explorer les extrémités auxquelles nous nous livrons pour l’obtenir, la prolonger ou la simuler. Ou encore l’exploiter. Il ne s’agit pas des sentiments profonds qui culminent avec l’amour et le mariage. Comme l’a dit Shakespeare : “ L’amour ne voit pas avec les yeux, mais avec l’esprit ”. Mais ça, c’est une autre histoire.

Avec 45 milliards de dollars par an, la beauté est une industrie énorme. Les américaines dépensent plus d’argent pour leur beauté que pour l’éducation ou les services sociaux. Elles achètent 1500 tubes de rouge à lèvres et 2000 pots de soin pour la peau toutes les minutes. Deux millions d’opérations de chirurgie esthétique sont réalisées chaque année. Les concours de beauté sont une usine générant plusieurs milliards chaque année. Les agences de mannequins livrent en pâture des filles de plus en plus jeunes aux annonceurs qui nous vendent les vêtements et les cosmétiques dont nous pensons avoir besoin.

Mais les images médiatiques lancinantes de personnalités jeunes et riches alimentent des objectifs personnels irréalistes et faussés. Les mannequins ont propulsé les canons de la beauté à un niveau impossible à atteindre sans chirurgie plastique. Canons par ailleurs presque exclusivement occidentaux, qui contribuent à la dissolution culturelle mondiale. Par le passé, les colons et les missionnaires éradiquaient les coutumes locales afin de maintenir sous leur joug les populations indigènes. Aujourd’hui, la télévision, le cinéma et la publicité parachèvent le travail. Et bon nombre de ces traditions sont rapidement reléguées aux archives de l’histoire.

Jodi Cobb

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