L’Ange blanc : les enfants de Tchernobyl sont devenus grands
Niels Ackermann
Lundi 13
Lauréat·e : Visa d'or de la Ville de Perpignan Rémi Ochlik 2016
« Ici, plus de gens meurent à cause de la drogue et de l’alcool qu’à cause de la radioactivité », m’expliquait Kiril en pointant la tombe de son meilleur ami, tombé d’un balcon lors d’une soirée trop arrosée.
En avril 2016, le monde a commémoré les trente ans de la catastrophe de Tchernobyl. Plutôt que de revenir une nouvelle fois sur les conséquences de cet accident, j’ai choisi de me tourner vers l’avenir en photographiant durant trois ans la jeunesse de Slavoutytch : la ville la plus jeune d’Ukraine, née de cette catastrophe.
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Le reportage suit Ioulia, une adolescente que j’ai vue se transformer en une jeune adulte devant mon appareil. Au fil des mois, la jeune fille a troqué fêtes, conquêtes d’un soir et alcool contre un travail, des responsabilités et une vie de femme mariée. Elle et ses amis m’ont laissé les suivre pendant cette phase cruciale où l’on décide ce que l’on veut faire de sa vie, où et avec qui. Une transformation que connaît également son pays, lequel s’émancipe de sa voisine Russie dans le sang et la douleur. La jeunesse de Slavoutytch, comme celle du pays tout entier, doit désormais réparer les erreurs de ses parents et bâtir un avenir serein et prospère.
Construite au milieu d’une forêt à 40 km de la centrale accidentée, Slavoutytch se voulait l’une des dernières vitrines de la grandeur soviétique. Or, depuis que la centrale a cessé de produire de l’électricité, en l’an 2000, son avenir ne tient plus qu’au chantier du nouveau sarcophage qui s’achèvera en 2017 et aux différentes subventions que touche cette ville stratégique mais aux perspectives très limitées.
Niels Ackermann