Des images du front. De soldats en action. D’une exécution publique dans un stade. D’un Taliban en pleine démonstration de force sur des pains de glace sur lesquels se jettent des enfants avides de les récupérer pour les vendre. De dures vies quotidiennes que viennent encore frapper, après cette guerre civile sans fin, de fréquents tremblements de terre…

Pour ces images, Zaheeruddin, 36 ans, a dû quitter l’Afghanistan, son pays d’origine. Battu et menacé de mort par les milices des Talibans, maîtres de la quasi totalité du pays depuis 1996, Zaheeruddin se résigne à l’exil. En septembre 1998, il s’enfuit via le Pakistan.

Sa carrière de photographe commence en 1992 avec cette opportunité : Zaheeruddin est embauché comme chauffeur pour le bureau de l’agence Associated Press (AP) à Kaboul. Peu à peu, il y accroît ses responsabilités et ses compétences. Conservant sa fonction de chauffeur, il devient également le traducteur attitré de l’agence. Puis, dès 1995, assure un rôle de “ news stringer ” (journaliste d’agence). Durant ces années-là, Zaheeruddin montre de plus en plus d’intérêt et d’aptitude à la photographie, profitant des conseils des autres photographes pour développer son talent.

Ce travail acharné lui vaut de devenir à la fois photographe et le “ stringer ” attitré d’AP. Il réalise également des vidéos pour AP télévision. Accrédité par l’agence, il se charge de collecter quotidiennement des informations auprès des membres du gouvernement comme de l’opposition. Il se rend aussi régulièrement sur les lignes de front où combattent Talibans et résistants. Zaheeruddin envoie ensuite ses informations à Islamabad où elles sont mises en forme et diffusées sur le réseau international d’AP. Ses photos, qu’il développe et tire lui-même, et les vidéos sont pour leur part transmises via Londres et diffusées sur le même réseau.

En août 1997, pour la première fois, Zaheeruddin est menacé directement pour son travail : il est jeté en prison après un reportage sur l’arrestation de membres de minorités ethniques. Après de sérieuses négociations et grâce à l’intervention de son agence, appuyée par les autorités américaines, il est finalement relâché.

En août 1998, Zaheeruddin se rend à Khost, ville de l’est de l’Afghanistan, pour recueillir des informations sur les bombardements de missiles américains sur les camps terroristes qui y seraient installés. Alors qu’il se trouve non loin de la ville en compagnie de deux autres journalistes étrangers, il est de nouveau arrêté par l’armée des Talibans. Détenu durant deux jours, il est sévèrement battu. Ses appareils et tous ses équipements sont détruits. Lorsqu’il rentre chez lui, à Kaboul, il découvre que l’armée des Talibans le recherche. Le bureau de l’agence a été fouillé et saccagé. Zaheeruddin décide de fuir. Le photographe vit aujourd’hui en Espagne où il a demandé l’asile politique.

Zaheerudin

visapourlimage_placeholder.jpg
Voir les archives