Tout commença par un tour-operator pour journalistes, dans une grande ville, laide, au ciel orange. Les bombes tombaient, les hommes mouraient. Seuls témoins : les victimes civiles elles-mêmes. Pathétiques, les hommes du Baas vont s’accrocher jusqu’à la fin, martelant que la victoire de Saddam sur les américains était imminente. Seuls quelques malheureux, venus de Syrie ou du Yemen, se battront. Au nom de l’islam. Fous ou courageux ? Ils sont venus mourir à Bagdad, dans une bataille qui n’aura même pas lieu. Saddam a déjà rendu les clés de sa ville à l’ennemi.

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Que représente le petit Ali Abbas dans cette guerre ? Mutilé, orphelin, victime d’une double propagande. Icône pour les irakiens, faire-valoir des Anglais qui, pour prouver leur magnanimité, vont le soigner dans une clinique « high-tech ».

La fin du baassisme se traduit par une joie tiède et interrogative, Saddam est parti, merci Bush, un occupant à la place d’un tyran. La violence augmentera comme une fatalité, aiguisée par l’arrogance et la maladresse des forces US. L’anarchie va rapidement s’installer, pillages, meurtres, viols et agressions. Ajouté à cela le chômage et la pauvreté, certains Irakiens en arrivent à regretter le Rais. Le peuple s’impatiente, où est la paix promise par les américains ?

Les jeunes soldats américains sont jetés en Irak comme des « Rambo » aussi violents qu’effrayés. Ils sont les marginaux, les faibles, les sans-papiers de l’Amérique, caricatures de leur propre culture. Le plus triste c’est que la plupart d’entre eux pensent que cette guerre est légitime. Laquelle des deux partie est la plus embrigadée ? En face, on s’adapte. Entre vrais insurgés (au sens noble du terme), faux rebelles, et vrais fous, les soldats meurent, les civils pleurent et les journalistes ont peur.

Janvier 2005, une lueur d’espoir. Malgré la peur, des milliers d’Irakiens votent. Ignorant les menaces des groupes radicaux sunnites, les femmes joyeuses, riant sous leur abaya, vont faire un geste aussi inédit que libérateur : voter. Toujours pas de paix en Irak, la population est exaspérée, les américains aussi. Le cycle de violence semble impossible à stopper. Bientôt je retournerai en Irak.

Jérôme Sessini

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